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Churchill Falls: une bonne entente pour T.-N.-L. et pour le Québec, réaffirme Legault

Des dizaines de milliards de dollars sont en jeu, et même en partie l'avenir de l'approvisionnement énergétique du Québec.

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Nouveau gouvernement à T.N.-L.: l'entente de Churchill Falls menacée? Nouveau gouvernement à T.N.-L.: l'entente de Churchill Falls menacée?

L'incertitude plane sur l'entente de principe énergétique entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador, même si le premier ministre François Legault a tenté de se faire rassurant mercredi.

Les électeurs de la province voisine ont élu mardi un nouveau gouvernement conservateur, qui se montre critique de l'entente conclue par ses prédécesseurs libéraux.

Des dizaines de milliards de dollars sont en jeu, et même en partie l'avenir de l'approvisionnement énergétique du Québec.

Le nouveau premier ministre conservateur, Tony Wakeham, s'est engagé à faire examiner par un comité indépendant le protocole d'entente conclu en décembre dernier et à obtenir des conditions plus avantageuses pour sa province.

Il a même confirmé son engagement dans son discours de victoire mardi soir.

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Dans son message sur l'application X, M. Legault a félicité son nouvel homologue et a plutôt affirmé que l’entente de principe sur le développement énergétique du Labrador est «bénéfique tant pour Terre-Neuve-et-Labrador que pour le Québec».

«Soyez assuré de notre entière disposition pour poursuivre notre collaboration avec Terre-Neuve-et-Labrador», a écrit M. Legault sur X.

La Presse Canadienne a demandé mercredi au cabinet de M. Legault des détails sur la suite des choses et s'il avait parlé personnellement au vainqueur, mais n'a pas obtenu de réponse. 

La Presse Canadienne a aussi demandé des précisions à l'équipe de campagne du nouveau premier ministre de Terre-Neuve, qui a requis un peu de temps avant de fournir des réponses.  

C'est l'entente dont M. Legault a déjà dit être le «plus fier», mais elle est maintenant plus que jamais compromise.

À la clé de l'accord de principe, il y a deux volets essentiels. 

D'abord, Hydro-Québec met fin au contrat 1969-2041 sur l'exploitation du barrage de Churchill Falls, au Labrador, que les Terre-Neuviens ont toujours perçu comme une injustice. 

Hydro paie une redevance de 0,2 cent le kilowatt/heure à Terre-Neuve, qui passerait graduellement à 6 cents le Kw/h. 

En contrepartie, pour répondre aux besoins croissants en énergie du Québec, Hydro deviendrait maître d'oeuvre d'un rehaussement en puissance du barrage actuel, mais aussi de l'ajout d'une deuxième centrale à Churchill Falls et de la construction d'une centrale à Gull Island.

Total de la facture pour le Québec: 33,8 milliards $. Mais M. Wakeham réclame mieux. 

Il estime que les informations publiées jusqu'ici ne permettent pas de savoir si le nouveau protocole d'entente est le meilleur accord possible pour Terre-Neuve-et-Labrador.

«J'exigerai un examen véritable et indépendant, dont les conclusions seront rendues publiques», a promis M. Wakeham mardi soir devant ses partisans.

«Je m'appuierai sur cet examen pour modifier cet accord ou en exiger un meilleur. Compte tenu des enjeux générationnels, je ne signerai aucun accord que les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador n'approuveront pas par référendum», a-t-il tranché.

225 milliards $

L'entente avec le Québec a été signée par le premier ministre libéral de l'époque à Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, que M. Legault considérait comme un ami et qui a démissionné le printemps dernier.

 

Son successeur, John Hogan, a défendu l'accord provisoire pendant la campagne électorale, estimant qu'il pourrait injecter 225 milliards $ dans les caisses de la province sur 50 ans.

Mardi soir, M. Hogan a invité le nouveau premier ministre Wakeham à «maintenir le cap» dans le dossier de Churchill Falls.

«C'est la meilleure occasion d'assurer l'avenir de notre province, a-t-il argué. Écoutez donc les experts. Il n'y a pas de meilleur accord, mais il y a un meilleur avenir pour notre province.»

Les travaux préparatoires et les négociations pour en arriver à une entente finale se sont poursuivis pendant la campagne. L'objectif est de ratifier le projet d'entente d'ici avril 2026.