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«S'il veut que nous lui coupions l'électricité, il devra monter à la Trump Tower avec des bougies pour se rendre à son bureau», a rapporté M. Chrétien.
L'ancien premier ministre Jean Chrétien estime que le président élu des États-Unis, Donald Trump, reviendra probablement sur sa menace de tarifs douaniers punitifs et sur la guerre commerciale qui en résultera avec le Canada, car les Américains sont trop dépendants d'un certain nombre d'exportations canadiennes, notamment dans le secteur de l'énergie.
«Il a apparemment dit qu'il n'avait pas besoin de notre électricité. Très bien», a rapporté M. Chrétien lors d'une entretien exclusif diffusé dimanche dans le cadre de l'émission CTV Question Period. «S'il veut que nous lui coupions l'électricité, il devra monter à la Trump Tower avec des bougies pour se rendre à son bureau, car l'État de New York dépend beaucoup de l'électricité en provenance du Canada.»
«Ce n'est donc pas réaliste», a ajouté M. Chrétien à l'intention de l'animatrice Vassy Kapelos.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
M. Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada et du Mexique. Alors qu’il avait initialement indiqué que le problème était le flux de drogues illégales et de migrants à la frontière, le nouveau président a récemment défendu les droits de douane pour leur valeur intrinsèque, malgré l'impact qu'ils auraient sur l'économie américaine.
En réponse, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a déjà menacé de couper l'électricité de sa province à 1,5 million de foyers de New York, du Michigan et du Minnesota, en «dernier recours», si Donald Trump mettait sa menace à exécution. Mais la semaine dernière, M. Ford a adopté un ton plus collaboratif en présentant un plan énergétique baptisé «Fortress Am-Can» qui s'appuierait sur l'infrastructure nucléaire existante de l'Ontario pour fournir davantage d'électricité au sud de la frontière.
François Legault, premier ministre du Québec, Danielle Smith, première ministre de l'Alberta et Andrew Furey, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, ont déclaré qu'ils s'opposaient à l'arrêt des exportations d'énergie en guise de représailles.
M. Chrétien - qui a été le 20e premier ministre du Canada de 1993 à 2003 - a déclaré que les négociations commerciales et d'autres questions bilatérales se sont déroulées, et se dérouleront toujours, avec le voisin et allié le plus proche du pays.
«Vous savez, [Trump] adore faire la une des journaux, et les journaux lui donnent beaucoup d'espace», a-t-il indiqué. «Mais la réalité est que, selon moi, je ne m'en fais pas pour ça, parce qu'ils souffriront probablement beaucoup plus que nous si nous avons ce type de guerre.»
CTV News a confirmé cette semaine que les autorités canadiennes réduisaient la liste des produits américains à cibler dans l'éventualité où le gouvernement fédéral imposerait des droits de douane en représailles à la décision de M. Trump.
Il s'agit des produits en acier et en céramique des États-Unis, y compris les toilettes et les éviers, ainsi que le jus d'orange de Floride, selon des sources.
Jean Chrétien a déclaré à l'animatrice Vassy Kapelos que le Canada était dans une «meilleure position» en raison de la nature de bon nombre de ses exportations vers les États-Unis.
«Nous pouvons obtenir du jus d'orange et de nombreux produits d'autres pays, mais l'électricité n'est pas acheminée par camion ou par oléoduc», a-t-il déclaré. «Et le type de pétrole qu'ils achètent à l'Alberta, s'ils ne l'achètent pas à l'Alberta, ils devront l'acheter au Venezuela, parce que c'est un type spécial de pétrole qu'ils achètent principalement à nous, et qu'ils ne peuvent pas remplacer par autre chose.»
Le futur commandant en chef, américain a encore intensifié sa rhétorique ces dernières semaines, en réitérant sa soi-disant plaisanterie d'annexer le Canada et d'en faire le 51e État américain, et en menaçant d'utiliser ce qu'il a appelé «la force économique» pour y parvenir.
Dans une entrevue accordée à CNN cette semaine, le premier ministre Justin Trudeau a accusé Donald Trump d'utiliser ce point pour détourner l'attention de la conversation sur les droits de douane et leur impact potentiel sur les économies des deux pays.
Pour sa part, M. Chrétien n'est pas inquiet.
«Ce n'est pas dans l'intérêt des États-Unis de ne pas avoir un bon voisin comme le Canada, au nord», a souligné M. Chrétien.
«Et pour M. Trump, il ne réalise pas que si le Canada avait fait partie des États-Unis il y a quelques semaines, il ne serait jamais devenu président, parce que les Canadiens n'auraient pas voté pour lui», a-t-il ajouté.
L'ancien premier ministre a déclaré que «les Canadiens aiment nos valeurs», soulignant qu'il s'agit d'une «société généreuse et tolérante».
Lorsqu'on lui a demandé comment, selon lui, les responsables canadiens s'en sortent face aux menaces proférées par M. Trump, M. Chrétien a répondu que jusqu'à présent, tout allait bien, citant en exemple plusieurs apparitions de M. Trudeau et de M. Ford sur des chaînes de télévision américaines.
Dans son entrevue, Jean Chrétien a également évoqué la décision de Justin Trudeau de démissionner cette semaine et s'est exprimé sur les candidats potentiels dans la course au remplacement du premier ministre et chef des libéraux.
M. Chrétien a indiqué que les libéraux devaient revenir au «centre radical» pour améliorer leurs chances électorales.
Avec les informations de Stephanie Ha et Mike Le Couteur de CTV News.