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Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, et le ministre fédéral des Finances, Dominic LeBlanc, ont laissé entendre mercredi qu'ils souhaitaient sortir d'une rencontre jeudi avec le secrétaire américain au Commerce avec un «plan cohérent» pour la suite des négociations sur les droits de douane.
Le premier ministre ontarien et le ministre LeBlanc, accompagnés de l'ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, doivent rencontrer jeudi à Washington Howard Lutnick, qui a invité M. Ford mardi au cours d'un épisode particulièrement chaotique de la guerre commerciale entre les deux pays.
Les politiciens canadiens espèrent une rencontre cordiale qui apaisera les tensions, même si cet entretien aura lieu après les propos de M. Lutnick et du président américain Donald Trump, qualifiant M. Ford de «ce gars en Ontario» et sa «petite menace» d'imposer une surtaxe sur les exportations d'électricité vers les États-Unis.
«J'ai dit: "Ce sera gagné en une heure", et nous avons annoncé ce que nous allions faire, mais ils ont retiré leur petite menace», a déclaré M. Trump mercredi.
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Les États-Unis ont imposé mercredi des droits de douane de 25 % sur les importations d'acier et d'aluminium. En guise de représailles, le gouvernement canadien a aussitôt annoncé des droits de douane sur des marchandises américaines d'une valeur de près de 30 milliards $.
Mais M. Trump avait d'abord menacé mardi de doubler les droits de douane sur l'acier et l'aluminium, à 50 %, en réponse à la surtaxe imposée par l'Ontario sur l'électricité qu'elle exporte vers trois États américains voisins. Les deux parties ont finalement convenu plus tard mardi de suspendre ces mesures, après que M. Ford a parlé au téléphone avec Howard Lutnick, qui l'a invité à Washington jeudi.
M. Ford a déclaré qu'il comptait discuter jeudi de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) avec M. Lutnick pour la suite des choses. «Je veux m'assurer que tout le monde comprenne que l'on s'attend à ce que nous nous rendions sur place, à construire cette relation et à discuter de l'ACEUM», a-t-il déclaré mercredi devant son bureau.
«On ne se retire pas de l'ACEUM, mais depuis des années, il s'agit avant tout de construire cette relation, de comprendre leurs exigences, nos besoins, et d'aller de l'avant.»
M. Ford a également déclaré vouloir faire cesser les annonces et contre-annonces frénétiques sur les droits de douane. «Je veux savoir où ils placent la barre. Plutôt que de constamment déplacer les poteaux, je veux savoir à quelle vitesse vous souhaitez avancer et connaître leurs exigences.»
Le ministre LeBlanc a toutefois déclaré qu'il ne considérait pas la réunion de jeudi comme une rencontre consacrée à l'ACEUM. Il espère aborder les droits de douane actuellement en vigueur et ceux qui seront imposés le 2 avril.
«La discussion de demain portera sur la détente et se concentrera sur le processus mis en place par le président Trump, dans le cadre duquel le secrétaire Lutnick a jusqu'au 2 avril pour prendre une série de décisions tarifaires mondiales», a indiqué le ministre fédéral des Finances.
Mais si l'une des trois parties à l'ACEUM souhaite entamer un examen avant 2026, le Canada est prêt, a déclaré M. LeBlanc. «Nous avons toujours affirmé que la meilleure approche est une discussion cohérente qui examine toutes ces questions, où les trois économies sont impliquées, et où nous pouvons parvenir au meilleur accord pour l'Amérique du Nord.
«Cela a été le succès des discussions précédentes, mais pour l'instant, il est difficile d'y parvenir, avec ces annonces jour après jour, semaine après semaine. Donc, si nous parvenons à dégager les bases et à parvenir à une position nous permettant d'arriver au 2 avril avec un plan cohérent, je pense que ce sera certainement l'objectif de la discussion de demain», a estimé M. LeBlanc.
M. Lutnick, de son côté, a déclaré à la chaîne Fox Business qu'il s'attendait à une «conversation agréable» avec M. Ford pour «apaiser les tensions» entre les deux pays et qu'il garderait les détails pour le moment où le Canada aura un nouveau premier ministre après d'éventuelles élections imminentes.
«Je pense qu'il s'agit simplement de mettre les choses au clair, de s'assurer que nous nous connaissons bien, a déclaré M. Lutnick. Ensuite, nous négocierons avec l'ensemble du Canada. Nous attendrons donc évidemment l'arrivée d'un nouveau premier ministre pour discuter.»
Ces commentaires font suite à ceux formulés la veille par M. Lutnick sur CBS, décrivant la menace du président Trump d'augmenter à 50 % les droits de douane sur l'acier et l'aluminium comme une tactique visant à «casser un gars en Ontario» qui avait imposé une surtaxe sur l'électricité.
Le premier ministre ontarien a balayé ces commentaires mercredi, affirmant que les États-Unis pouvaient bien qualifier le résultat final de victoire s'ils le souhaitaient. «Peu importe. Ils font de la politique. Ça n'a aucune importance.»
M. Ford a rencontré mercredi matin le premier ministre désigné, Mark Carney, pour discuter de droits de douane et de libre-échange. Lors de leur «entretien productif», les deux hommes ont convenu de la nécessité de rester ferme face aux droits de douane américains, a-t-il indiqué.
L'arrivée de M. Carney au poste de premier ministre pourrait contribuer à tourner la page dans les relations canado-américaines, a prédit M. Ford. «La relation sera meilleure qu'avec le premier ministre (Justin) Trudeau, et sans vouloir lui manquer de respect, je peux vous dire une chose: Mark Carney a un sens des affaires extrêmement aiguisé», a-t-il déclaré.
«Il comprend les chiffres, tout comme le président Trump et le secrétaire Lutnick. Je pense qu'ils s'entendront très bien. Ils viennent tous deux des mêmes secteurs financiers.»
M. Ford, qui préside également cette année le Conseil de la fédération, qui regroupe les 13 premiers ministres des provinces et territoires, a également eu un appel mercredi matin avec ses homologues. Avant cette discussion, il avait indiqué qu'il souhaitait obtenir les avis des autres premiers ministres avant de se rendre à Washington.