Les municipalités refusent de se voir transférer par Postes Canada le coût de l'entretien des boîtes postales communautaires, qu'il s'agisse du déneigement, de l'éclairage nécessaire, des cols bleus qui doivent être dépêchés pour ramasser les papiers qui traînent.
Le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires a poursuivi, mardi à Ottawa, son étude de la situation de Postes Canada.
Les audiences ont été l'occasion d'examiner les répercussions possibles des mesures envisagées pour réduire le déficit de Postes Canada, comme la fin du moratoire sur les fermetures de bureaux de poste ruraux, la conversion de la livraison vers des boîtes postales communautaires et la réduction de la fréquence de la livraison du courrier.
C'est dans ce cadre que l'Union des municipalités du Québec (UMQ) est venue exposer les dépenses supplémentaires et les problèmes de salubrité que la multiplication des boîtes postales communautaires pose, lorsque cela est fait en vase clos, sans consultation et sans collaboration avec la municipalité.
«Si on a 30 boîtes communautaires installées sur le territoire, c'est une équipe de cols bleus avec un camion, un véhicule, deux employés qui doivent collecter finalement les bacs de recyclage et les bacs de poubelles qui seraient aménagés autour, parce que c'est une demande qui est faite par la population, à la ville, de prendre soin de l'environnement autour de ces boîtes postales là», a illustré Xavier-Antoine Lalande, représentant l'UMQ.
Et c'est sans compter les problèmes de sécurité que ces boîtes postales peuvent poser, avec le risque de vol d'identité, a noté le député néo-démocrate Alexandre Boulerice.
Il a rappelé que l'installation de ces boîtes coûterait tout de même 1,6 milliard $ à Postes Canada, dans le but de réduire la livraison du courrier à domicile.
M. Lalande, de l'UMQ, en a appelé à «éviter le mur à mur» dans les choix que fera Postes Canada pour se transformer.
Évoquant la réduction de la fréquence de livraison du courrier, la députée bloquiste Marie-Hélène Gaudreau a lancé aux municipalités: «non seulement vous devez être consultées, mais il faut s'ajuster en fonction des réalités. Je pense entre autres à la Basse-Côte-Nord ou aux Îles-de-la-Madeleine... quand on parle d'une livraison deux fois par semaine, puis qu'on attend notre équipement (médical) pour une stomie... je suis désolée, mais c'est urgent».
La présidente nationale du Syndicat des travailleurs et travailleuses des Postes (STTP), Jan Simpson, a aussi rappelé que le Canada a une population vieillissante et que les aînés et les personnes vivant avec des problèmes de mobilité «seront les plus touchés» par les mesures envisagées.
Elle a aussi déploré «la suppression de bons emplois syndiqués qui revient à saboter l'économie».
L'Association canadienne des maîtres de postes et adjoints a renchéri: «on a l'impression que c'est moins un plan de modernisation et plus un retrait de services essentiels», a critiqué le président national, Dwayne Jones.
Il a qualifié le bureau de poste de véritable «bouée de sauvetage» pour des PME, des producteurs agricoles et des membres de communautés autochtones loin des grands centres.
«Prenons l'exemple de Cumberland House, en Saskatchewan. C'est une collectivité isolée, qui n'est accessible que par avion ou par une route praticable selon les conditions météorologiques. Son bureau de poste dessert 511 points d'appel pour une population d'un peu plus de 540 habitants. Ce bureau de poste fournit également des services à la nation crie de Cumberland House. Si ce bureau venait à fermer, les habitants devraient parcourir près de 150 kilomètres jusqu'à Carrot River pour accéder à des services postaux», a illustré M. Jones.
Le 25 septembre dernier, le ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement, Joël Lightbound, a affirmé au sujet de Postes Canada que «depuis 2018, la société a accumulé plus de 5 milliards de dollars de pertes. Rien qu’en 2024, elle a affiché des pertes de plus d’un milliard de dollars, et en 2025, elle est déjà en voie d’enregistrer des pertes de près de 1,5 milliard de dollars. Plus tôt cette année, le gouvernement fédéral a injecté 1 milliard de dollars dans la société pour maintenir son fonctionnement.»
«Cette situation n’est plus viable. Postes Canada est effectivement insolvable, et les renflouements à répétition ne sont pas une solution à long terme. Une transformation est nécessaire pour assurer la survie de Postes Canada et protéger les services sur lesquels comptent les Canadiens», avait ajouté le ministre Lightbound.

