La militante et épidémiologiste, la Dre Nimâ Machouf est revenue dimanche en début de soirée à Montréal après avoir été arrêtée et détenue par les autorités israéliennes. Elle faisait partie des membres d'une flotille visant à bloquer le blocus israélien de la bande de Gaza.
Dans une entrevue accordée à la journaliste Kelly Greig de CTV News Montreal, Mme Machouf a affirmé aller bien mais dit revenir au pays avec «beaucoup de colère».
«On a vu un peu de brutalité, de ce que l’armée israélienne est capable de faire avec des humanitaires, du personnel médical et des journalistes alors vous imaginez ce qu’ils font avec la population.
«Ils exercent beaucoup, beaucoup de brutalité gratuite.»
Elle affirme également que la situation continue de se dégrader sur place et dénonce notamment la «lâcheté» des gouvernements qui selon elle, «ont été complices» de la situation actuelle.
La Dre Mâchouf était à bord du Conscience, un navire faisant partie de la flottille qui avait tenté de livrer de l'aide humanitaire à la bande de Gaza. Le bateau a été intercepté et saisi plus tôt cette semaine par l'armée israélienne, qui a ensuite incarcéré l'ensemble de l'équipage dans une prison de haute sécurité, comme le raconte Mme Machouf.
«De la violence inutile»
Concernant ses conditions de détention décrites comme «difficiles», elle affirme avoir vécu beaucoup de violence psychologique. «De la violence inutile et gratuite», souligne-t-elle.
Elle indique qu'elle se trouvait dans une prison qui détiendrait également des Palestiniens d'après des témoignages provenant de d'autres personnes également détenues. L'établissement était situé dans le désert de Néguev.
À propos des Palestiniens, «personne ne parle d'eux» soutient la militante parlant de ceux qui sont détenus.
«Personne ne se soucie de leur sort, et sont [les Palestiniens] probablement injustement incarcérés... et se font maltraiter là-bas.»
La militante précise avoir été détenue pendant deux jours avant d'être expulsée vers la Turquie. Une autre partie des membres du groupe qui ont été arrêtés ont quant à eux été expulsés vers la Jordanie.
Un message adressé à Mark Carney
Le premier ministre Mark Carney doit s'envoler pour l'Égypte dimanche soir afin de participer à un «sommet pour la paix», coprésidé lundi par le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi, et qui réunira les dirigeants d'une vingtaine de pays.
Nimâ Machouf demande à Ottawa d'agir en mettant la pression sur le gouvernement israélien pour qu'il respecte l'accord de paix prévu par le président américain Donald Trump afin que l'aide humanitaire puisse être acheminée.
«Ça fait des années que le Canada aurait dû agir pour prévenir le génocide à Gaza, dit-elle. Il faut cesser impérativement la vente d'armes à Israël, car, bien qu'il y ait un accord de paix, on ne sait jamais combien de temps ça va durer», a t-elle également raconté à La Presse canadienne.
«Il faut qu'on force Israël à respecter les principes et les lois internationales», a t-elle aussi affirmé auprès de CTV News.
Mme Machouf souligne le besoin d'avoir un corridor d'aide humanitaire sécuritaire pour venir en aide aux Gazaouis et surtout que les relations commerciales avec Israël soient «étroitement liées au respect des droits du peuple palestinien».
«Sans contraintes, (Israël) ne respectera aucune loi, aucune règle et aucune moralité ajoute-t-elle. Il vient de nous le démontrer et il est impératif d'être sévère là-dessus.»
Nimâ Machouf s'est toutefois réjoui de la libération dimanche matin des trois militantes de Terre-Neuve-et-Labrador, qui étaient également détenues par l'armée israélienne. Selon elle, les trois militantes ont été envoyées à la frontière avec la Jordanie et devraient ensuite être en route pour le Canada.
- Avec des informations de La Presse canadienne

