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Attentats de Paris: le garde de sécurité au Stade de France livre son témoignage

«Je me considère autant un héros qu'une victime (dans cette histoire-là).»

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Dix ans après, la France rend hommage aux victimes des attentats du 13 novembre Dix ans après, la France rend hommage aux victimes des attentats du 13 novembre

Le traumatisme vécu par Salim Toorabally lors des attentats de Paris survenus il y a 10 ans n'a pas disparu avec le temps, et les images de cette nuit fatidique au Stade de France sont encore très vives à sa mémoire. 

Les attentats de novembre 2015 ont commencé au Stade de France et se sont poursuivis aux quatre coins de la Ville Lumière, fauchant 132 personnes et en blessant plus de 400 autres. Une personne est décédée et au moins 14 autres ont été blessées à l'extérieur du Stade de France cette soirée-là, mais le nombre de victimes aurait pu être bien plus élevé sans la vigilance de Toorabally. 

C'est Toorabally qui a intercepté Bilal Hadfi — l'un des trois terroristes qui ont ciblé le Stade de France, alors que l'équipe nationale affrontait l'Allemagne — avant qu'il pénètre dans l'enceinte. 

Toorabally a été salué pour sa réaction, par l'ancien président de la France, François Hollande, par le ministre de l'Intérieur et le public. Malgré cela, sa souffrance, toujours vive depuis cette nuit-là, n'a jamais été remarquée. 

«J'étais davantage considéré comme un héros, plutôt qu'une victime. Mais je me considère autant un héros qu'une victime (dans cette histoire-là).»
-Salim Toorabally dans un entretien accordé récemment à l'Associated Press

En fin de journée jeudi, la France affrontera l'Ukraine au  Parc des Princes de Paris, dans un match de qualification pour la Coupe du monde, et une cérémonie commémorative était prévue. Toorabally a été invité par la Fédération française de football (FFF). 

«Je serai là, mais ça sera difficile, a-t-il admis. Ça fait 10 ans, mais j'ai l'impression que ça s'est produit hier.»

Toorabally a intercepté le terroriste

Toorabally était installé à la Porte L du stade, en tant qu'agent de sécurité.

Hadfi avait tenté de pénétrer dans le stade, mais il a été intercepté par Toorabally, après qu'il eut remarqué qu'il tentait de se cacher derrière un autre spectateur pour franchir le poste de contrôle. 

«Un jeune homme s'est présenté. Il était collé derrière lui, s'avançant vers moi sans présenter de billet. Je lui ai donc dit: 'Monsieur, où allez-vous? Montrez-moi votre billet'. Mais il a poursuivi sa route, sans m'écouter, a raconté Toorabally à l'AP. J'ai donc étiré le bras, pour le placer devant lui afin de l'empêcher de passer, puis il m'a répondu: 'Je dois entrer. Je dois absolument entrer'. Ç'avait l'air suspect.»

Toorabally a gardé Hadfi, alors âgé de 20 ans, à l'oeil. Ce dernier s'est ensuite reculé de quelques mètres. 

«Il s'est placé directement devant moi, il m'observait en train de travailler et j'ai alerté (mes collègues agents de sécurité) sur la radio: 'Soyez vigilants à votre point d'accès, il y a un jeune homme habillé en noir, au visage enfantin, qui tente de pénétrer dans le stade. Ne le laissez pas passer', a poursuivi Toorabally. Il est resté devant moi pendant environ 10 minutes, m'observant, et c'est à ce moment que j'ai commencé à être effrayé. J'avais peur qu'il tente de nouveau d'entrer, sans que je puisse intervenir. Je l'ai regardé, sans le lâcher des yeux, et il a fait la même chose, puis, soudainement, il est disparu dans la foule. Il m'avait échappé.»

L'avertissement de Toorabally à ses collègues a fonctionné. Hadfi n'a jamais pu entrer aux autres points d'accès, et il a finalement décidé de faire sauter sa veste chargée d'explosifs.