L’attaque sans précédent menée par Israël au Qatar mardi visait des responsables du Hamas réunis dans un complexe résidentiel en plein cœur de Doha, la capitale de ce pays du Golfe allié des États-Unis.
Israël n’a pas communiqué sur les résultats de l’attaque, mais le mouvement islamiste palestinien Hamas a assuré que les hauts responsables visés avaient survécu, tout en faisant état de six morts.
Voici ce que l’on sait sur cette frappe au Qatar, qui accueille le bureau politique du Hamas, abrite une importante base militaire américaine et joue les médiateurs dans la guerre entre Israël et le mouvement palestinien à Gaza.
Où s’est produite l’attaque?
L’attaque s’est produite à 15h46 dans un quartier résidentiel au nord de Doha, qui abrite des diplomates et dignitaires étrangers ainsi que des ambassades, des écoles et une crèche.
Des témoins ont dit avoir entendu plusieurs explosions et vu une épaisse fumée s’élever du secteur.
Les frappes ont ciblé un complexe résidentiel abritant des membres du Hamas. Il a été rapidement bouclé par la police et l’accès à la zone était encore interdit mercredi.
Le Qatar accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012, avec la bénédiction des États-Unis qui cherchaient alors à maintenir un canal de communication avec le groupe classé terroriste par la plupart des pays occidentaux.
L’ancien chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué dans une attaque israélienne en juillet 2024 à Téhéran, y a été enterré. En décembre 2024, le ministre israélien de la Défense Israël Katz a reconnu en décembre 2024 que son pays avait tué Ismaïl Haniyeh.
Son prédécesseur Khaled Mechaal, ainsi que Khalil al-Hayya, négociateur en chef dans les pourparlers de trêve à Gaza, sont basés au Qatar.
Qui était visé?
Selon des sources proches du Hamas, six de ses dirigeants se trouvaient dans le bâtiment ciblé au moment des frappes: Khalil al-Hayya, Khaled Mechaal, Zaher Jabarine, le responsable du mouvement en Cisjordanie, ainsi que Bassem Naïm, Ghazi Hamad et Taher al-Nounou. L’AFP n’est parvenu à joindre aucun d’eux depuis lors.
Un responsable du Hamas, Souheil al-Hindi, a affirmé mardi qu’ils étaient réunis pour discuter de la dernière proposition du président américain Donald Trump en vue d’un cessez-le-feu et d’une libération des otages retenus à Gaza.
Dans un communiqué, le Hamas a affirmé que les dirigeants avaient survécu à l’attaque, mais annoncé la mort de six personnes. Un responsable du Hamas a aussi affirmé que les chefs avaient survécu en citant Khalil al-Hayya et Zaher Jabarine.
Qui sont les personnes tuées?
Le ministère qatari de l’Intérieur a confirmé la mort de trois personnes pour le moment: le sous-officier qatari Badr Saad Mohammed Al-Humaidi Al-Dosari, qui était en service sur le lieu visé, Hamam Khalil al-Hayya, le fils de Khalil al-Hayya, et Moumen Hassouné, présenté comme un garde du corps par le mouvement.
Outre ces trois individus, le Hamas a fait état de la mort de Jihad Labad, le directeur du bureau de Khalil al-Hayya, ainsi que des gardes du corps Ahmad Mamlouk et Abdallah Abdelwahed.
Le Qatar a-t-il été prévenu?
Le Qatar, qui entretient des liens étroits avec Washington, affirme avoir été pris de court par l’attaque, qualifiée de «terrorisme d’État» par le premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al Thani.
En juin dernier, le Qatar avait intercepté des missiles tirés par l’Iran visant une base américaine sur son sol, la plus grande du Moyen-Orient.
«Les défenses aériennes du Qatar avaient riposté avec précision aux vagues de missiles iraniens», a affirmé le premier ministre qatari.
«Mais l’ennemi israélien a utilisé des armes qui n’ont pas été détectées par les radars», a-t-il dit à propos des frappes de mardi.
Il a souligné que le Qatar n’avait été informé par Washington que «10 minutes» après l’attaque, qui a suscité une rare réprimande du président américain, un allié d’Israël.
L’administration Trump a dit n’avoir été notifié qu’à la dernière minute «par l’armée américaine». «J’ai immédiatement demandé à l’émissaire spécial Steve Witkoff d’informer le Qatar de l’attaque imminente, ce qu’il a fait, mais malheureusement trop tard pour arrêter» les frappes, a-t-il dit.
Selon le Wall Street Journal, l’attaque israélienne a impliqué au moins une dizaine d’avions transportant des missiles de longue portée pouvant être tirés de loin.
