Le premier ministre Mark Carney ne prononcera pas de discours important sur la politique étrangère devant l'Assemblée générale des Nations unies (ONU) lors de sa visite à New York la semaine prochaine.
La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, s'adressera plutôt aux dirigeants mondiaux au nom du gouvernement.
Le 11 juillet, l'ONU a publié une liste provisoire des orateurs, prévoyant que M. Carney s'exprimerait le matin du 27 septembre. Une liste mise à jour, publiée le 5 septembre, rapporte que Mme Anand est la déléguée du Canada et qu'elle s'adressera à l'Assemblée générale le 29 septembre.
De hauts responsables gouvernementaux ont déclaré vendredi que M. Carney devait être à New York en début de semaine et que le créneau qui lui avait été attribué l'obligerait à partir et à revenir à New York pour prononcer un discours.
Cela s'explique en partie par le fait que M. Carney est le chef du gouvernement canadien et non le chef d'État – le roi Charles, représenté par la gouverneure générale – et que les chefs d'État prennent la parole en premier, conformément au protocole de l'ONU.
M. Carney devrait exposer sa politique étrangère lors d'une conférence donnée lundi midi par le Council on Foreign Relations.
Son bureau a indiqué qu'il sera à New York de dimanche à mercredi.
Dans un communiqué de presse publié vendredi, le cabinet de M. Carney a précisé que le premier ministre participera à des événements à l'ONU portant sur les «efforts nécessaires pour stabiliser la situation catastrophique qui prévaut en Haïti», les efforts déployés par le Canada pour faciliter le retour des enfants ukrainiens enlevés par la Russie et le conflit au Moyen-Orient.
Il prendra également part à un sommet sur la réforme du financement des projets de développement, alors que les gouvernements réduisent l'aide étrangère et le financement de l'adaptation au changement climatique.
«Dans un contexte mondial plus dangereux et divisé qu’auparavant, le Canada renforce ses partenariats internationaux afin d’accroître la prospérité et de trouver des solutions communes aux enjeux les plus urgents du monde», peut-on lire dans le communiqué.
Mme Anand a déclaré vendredi matin que, si le Canada reconnaissait officiellement l'État palestinien à l'ONU, cela ne signifierait pas une normalisation immédiate des relations diplomatiques ni l'ouverture d'une ambassade à part entière pour la délégation de l'Autorité palestinienne à Ottawa.
«La reconnaissance que nous avons déjà annoncée pendant le mois de juillet va être sur la table et va être annoncée la semaine prochaine, a indiqué Mme Anand, à Mexico. Nous avons décidé de continuer notre politique pour les deux États et nous travaillons très fort avec le Royaume-Uni, la France et aussi l'Australie, là-dessus. La normalisation, c'est complètement différent.»
Elle a ajouté que, même si le processus de normalisation des relations avec l'Autorité palestinienne se fera à la discrétion du Canada, la reconnaissance doit intervenir maintenant, car divers acteurs de la région ont rendu plus difficile la concrétisation de l'État palestinien.
Le gouvernement a déclaré que la campagne militaire israélienne à Gaza et ses politiques ciblant les territoires palestiniens qu'il occupe, conjuguées aux violences du Hamas, ont déstabilisé la région.
Projet de loi sur l'exportation d'armes
La députée néo-démocrate Jenny Kwan a déposé vendredi un projet de loi d'initiative parlementaire visant à combler une «faille» permettant aux États-Unis d'acheter des armes canadiennes et de les expédier à l'étranger en contournant certains protocoles de vérification du Canada.
Le projet de loi, qui vise principalement à empêcher l'entrée de certaines armes en Israël, s'appliquerait également à certaines cargaisons d'armes destinées à l'Arabie saoudite, a-t-elle déclaré.
«Cette échappatoire est devenue une porte dérobée pour les armes, les composants et les technologies canadiens. Ils traversent la frontière sans entrave, sans permis, sans surveillance et sans déclaration», a affirmé Mme Kwan vendredi, lors d'une conférence de presse sur la colline du Parlement.
Le gouvernement maintient qu'il a interdit les exportations d'armes canadiennes vers Israël susceptibles d'être utilisées à Gaza, tout en autorisant les exportations d'armes et de technologies utilisées pour protéger les civils, comme les roquettes ou les circuits imprimés du bouclier antimissile Dôme de fer.
Les militants soutiennent que les restrictions ne sont pas assez strictes et des dizaines de sénateurs réclament plus de transparence.
«Le gouvernement libéral a donné aux Canadiens des demi-vérités et des promesses creuses concernant les exportations d'armes vers Israël», a fait valoir Mme Kwan.
Alex Paterson, de Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient, a déclaré que le vote sur le projet de loi de Mme Kwan déterminera si le Canada est «engagé en faveur d'un ordre international fondé sur des règles» ou s'il est «le complice de deux États d'extrême droite, prêt à les armer quel que soit le nombre de victimes».

