De plus en plus de jeunes passent des heures par jour à faire défiler des vidéos ultra-courtes sur les réseaux sociaux. Un comportement qui, selon un psychiatre, s’appuie sur des mécanismes cérébraux bien connus.
«On comprend que l'être humain qui consomme ce matériel numérique, c'est le même être humain qui existe depuis 100 000 ans et qui peut être stimulé par toutes sortes de choses», explique le Dr Jean-François De La Sablonnière, médecin psychiatre au CISSS du Bas-Saint-Laurent.
Le phénomène du brain rot, souvent associé à la consommation excessive de contenus rapides et répétitifs sur les réseaux sociaux, s’expliquerait par le fonctionnement même du cerveau humain, selon le Dr De La Sablonnière.
Il rappelle que le cerveau humain est doté d’un système de renforcement, un mécanisme qui pousse l’individu à répéter certains comportements essentiels à sa survie.
«C’est un phénomène qui est bien connu [...] Ce système de renforcement-là, il est fait pour assurer la survie de l’individu, la survie de l’espèce», explique-t-il.
Ce même circuit, poursuit-il, «peut être stimulé par toutes sortes de choses, bien sûr par la nourriture, le sucre, les images sexuelles», mais aussi par le contenu numérique.
Quand le contenu s’invite dans les «circuits» du cerveau
Selon le Dr De La Sablonnière, les vidéos courtes et très stimulantes que l’on retrouve sur TikTok, YouTube Shorts ou encore dans certains jeux vidéo comme Fortnite, «viennent se brancher directement dans le système de renforcement avec tous les impacts que ça peut avoir».
«Ce que vient faire le contenu numérique, court, répétitif, hyper stimulant et vide de sens, c’est directement de se brancher sur les circuits de renforcement», illustre-t-il.
Le psychiatre explique qu’une exposition répétée à ces stimulations peut entraîner ce qu’il appelle la neuroadaptation. «Votre cerveau, s’il est trop stimulé d’une certaine façon, il va apprendre de ça puis il va se dire: “ouf, j’avais changé ma chimie pour agir de façon normale en présence de la stimulation”», résume le spécialiste.
Il ajoute que ce phénomène, observé dans d’autres formes «d’assuétude» comme le jeu ou les substances, peut mener à une plus grande impulsivité et à des difficultés d’attention, de concentration et de résolution de problèmes.
Le Dr Jean-François De La Sablonnière précise toutefois que le brain rot n’est pas un problème «dans le contenu numérique» mais que «le problème est dans notre cerveau.»
Les humains, dit-il, ont dans leur cerveau « le velcro qui va coller à ce type de matériel».
Selon lui, comprendre comment «les circuits de renforcement» du cerveau réagissent à ces stimulations permet d’expliquer pourquoi certaines vidéos captent si facilement l’attention des jeunes et comment l’exposition répétée peut se manifester par des difficultés d’attention, d’impulsivité ou de recherche de gratification immédiate.

