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Trump a gagné

Le Canada doit maintenant prendre acte de cette entente et s’ajuster.

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Le président Donald Trump s'exprime lors de sa rencontre avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au club de golf Trump Turnberry à Turnberry, en Écosse, le dimanche 27 juillet 2025. (Montage Noovo Info et Associated Press)

Ce dimanche, à la fin d’un «sommet express» avec l’Union européenne, Donald Trump et la présidente de l’Union ont annoncé un accord commercial sur les droits de douane. En vertu de cette entente, un taux unique de 15% sera appliqué sur la majorité des importations européennes aux États-Unis. De plus, l’Union européenne s’est engagée à effectuer d’importants achats d’hydrocarbures aux États-Unis et à y investir plusieurs centaines de milliards. C’est ce que l’on en sait pour le moment, car il y a des exceptions, et des discussions se poursuivent.

La nouvelle réalité

Après l’accord avec le Japon, cette entente démontre clairement que Donald Trump a remporté son pari: les droits de douane sont désormais inévitables dans la relation économique avec les États-Unis. D’ailleurs, on peut même penser que le chiffre magique est 15 %, puisque c’est le deuxième accord conclu à ce niveau.

Bien sûr, le diable est dans les détails, et il y a certainement des gains intéressants qui ont poussé les autorités européennes à signer l’accord. Mais le message de Donald Trump au peuple américain, c’est qu’il «signe des deals», comme il leur avait promis.

Prochaine étape: la Chine

Maintenant que l’Union européenne a signé, les négociateurs américains entameront demain des discussions avec les autorités chinoises à Stockholm. Cette étape est cruciale, puisqu’un accord entre les deux principales puissances économiques de la planète viendrait sceller la stratégie américaine et affaiblirait la position de tous les autres pays qui voudront négocier avec les États-Unis. Le message serait : « même la Chine a compris que les droits de douane de 15 % sont essentiels ». Une mauvaise nouvelle pour le Mexique… et pour le Canada.

Et le Canada maintenant?

Justement, le Canada doit maintenant prendre acte de cette entente et s’ajuster. Sommes-nous prêts à accepter des droits de douane de 15 % sur tout ? Sommes-nous capables d’obtenir des exceptions intéressantes ? Est-ce le chiffre qui bloque, ou est-ce l’aspect défense que Mark Carney veut y ajouter ? Le premier ministre canadien est désormais sous pression, et je m’attends à ce que ses opposants l’attaquent rapidement sur son incapacité à signer une entente. Alors qu’il a été élu sur la promesse qu’il était la meilleure personne pour négocier avec les États-Unis, on constate que plusieurs chefs de gouvernement semblent au moins plus rapides que lui. Il ne manquerait plus qu’un accord bilatéral avec le Mexique pour finaliser l’insulte.

En attendant que d’autres pays, et, espérons-le, le Canada trouvent un terrain d’entente, Donald Trump peut rentrer triomphant à Washington. Alors que les droits de douane européens étaient en moyenne à 4,8 % avant sa présidence, ils seront désormais à 15 %, et il aura gagné en menaçant la planète entière et en multipliant les annonces de droits supplémentaires. Une stratégie du chaos qui fonctionne et qui risque d’inspirer d’autres chefs de gouvernement. Après l’avoir dénoncée, la méthode Trump risque maintenant d’être copiée, ce qui nous prouve que le 47e président américain a déjà gagné. 

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