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«J’étais dans le déni. Je faisais un peu d’évitement», écrit notre chroniqueuse Geneviève Pettersen.
On dirait que je ne voulais pas en parler. Ça ne me tentait pas. J’étais dans le déni. Je faisais un peu d’évitement face au retour de la rougeole en me disant qu’après la pandémie, on était plus catholique que le pape et que l’on s’énervait pour rien.
Normal, que je me disais. On ne voulait pas se faire reprocher, du côté de la santé publique, de ne pas avoir pris la «menace» au sérieux. Je n’en faisais pas trop de cas, donc, jusqu’à ce que je réalise que le personnel avait recommencé à mettre un masque dans les hôpitaux et autres établissements de santé.
Fallait que je me rende à l’évidence: c’était vrai. Bon, rien d’affolant. Rien comme la COVID au début de l’épidémie. Mais c’est tannant quand même puisque c’est une maladie SUPER contagieuse. J’ai lu que si une personne non protégée entre en contact avec une personne malade, elle avait 9 chances sur 10 de pogner la maladie.
J’avais oublié c’était quoi les symptômes de la maladie et les complications possibles. Je suis allée voir sur internet. Un conseil: n’entrez pas le mot «rougeole» dans Google images. Ça pas l’air bien plaisant et les complications peuvent être funestes. Pas grave, que je me répétais, mes enfants et moi-même sommes vaccinés adéquatement. TOUT le monde est immunisé contre la rougeole, je pensais. ERREUR.
J’apprenais dans les médias que moins d’une école sur 10 avait un taux de couverture vaccinale de plus de 95% contre la rougeole, soit le pourcentage qui assure l’immunité collective. Quoi? Je pensais que la vaccination était obligatoire pour rentrer à l’école. J’ai fait «mes recherches» pour constater qu’au Québec, la vaccination n’est pas obligatoire.
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Sauf qu’il y a de fortes chances pour qu’on vous demande une preuve de vaccination lors de la rentrée de votre enfant. J’ai un vague souvenir de ça. Mais je ne pourrais pas affirmer avec certitude qu’on m’ait demandé de montrer un carnet de vaccination valide lors des trois rentrées au primaire de mes enfants.
C’était clair pour moi. Dans ma tête, mes enfants étaient adéquatement protégés. Je me le répétais comme une espèce de mantra de madame que ça ne lui tente pas de dealer avec ce vieux virus qui, comme un chanteur has been, fait un come-back non nécessaire. AUTRE ERREUR.
Quelle ne fut pas ma surprise, la semaine dernière, quand j’ai reçu une lettre de l’école de mon petit dernier. On y indiquait que, selon le registre de vaccination (je ne savais même pas que ça existait), il n’était pas adéquatement protégé.
J’étais dubitative, puis je me suis garrochée sur son carnet de vaccination (un miracle que je ne l’aille pas égaré). C’est là que je me suis rendu compte qu’il n’avait eu qu’une seule dose du fameux vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole). Ça prend deux doses. J’ai ouvert le carnet de l’enfant du milieu pour constater la même chose. Une dose manquait.
Comment ça se faisait?
Évidemment, trop d’années ont passé pour que je me rappelle avec précision pourquoi mes deux derniers n’ont pas reçu toutes les doses du vaccin ROR. Puis, je me suis rappelé que, comme beaucoup de parents à l’époque, je craignais ce vaccin à cause de la fameuse étude (bidon) qui faisait des liens entre ce vaccin et l’autisme. CETTE ÉTUDE A ÉTÉ INVALIDÉE AU MOINS 2000 FOIS DEPUIS.
J’avais vraiment tiré un trait sur cette période de ma vie où, par naïveté et par peur, aussi, j’étais tombée dans le rabbit hole d’un forum de mamans où un certain climat antivax régnait. Je ne voulais évidemment pas causer de tort à mes bébés, alors je pense que j’avais attendu pour leur donner cette fameuse deuxième dose… puis, la vie étant ce qu’elle est, c’est-à-dire une course sans fin, ça m’est sorti de la tête. J’ai oublié d’y retourner.
On a donc pris rendez-vous, et on se fera vacciner gratuitement dans les prochains jours. Des campagnes de vaccination se déroulent aussi dans certaines écoles.
Je sais que plusieurs adultes se questionnent en ce moment à savoir s’ils ont reçu le fameux vaccin. Ce n’est pas compliqué: on ne vaccinait pas au Québec avant 1970, parce que l’on considère que les gens qui sont nés avant cette année-là ont tous été infectés par la rougeole. Ils n’ont donc pas besoin d’être vaccinés. C’est donc si vous êtes nés après que vous devez vérifier si vous êtes adéquatement vaccinés.
Et dans le doute, la direction de la santé publique a été très claire: il n’y a pas de risque à recevoir une autre dose de vaccin si on est déjà protégé contre la rougeole.
Je veux revenir à cette fameuse lettre, dans laquelle j’ai appris que mes enfants n’étaient pas protégés contre la rougeole. Pour une fois, le système a fonctionné. Je ne pense pas que j’aurais pris le temps de vérifier le carnet de vaccination de mes enfants sans ça. Quand ça marche, il faut le dire. Et là, la grosse machine a été diablement efficace.
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