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Alors, le rapport du comité sur la relance du PLQ a-t-il comblé les attentes? Ça dépend pour qui! Faisons donc le tour de ce que ce rapport peut représenter pour les différents publics.
Le comité sur la relance du PLQ a déposé jeudi son «fameux» rapport. Je dis fameux parce qu’on a amplifié les attentes dans les derniers mois en donnant à ce comité la lourde tâche d’identifier les éléments qui permettraient aux libéraux de reconnecter avec les francophones et de redevenir une alternative politique crédible aux yeux des Québécoises et des Québécois.
Alors, le rapport a-t-il comblé les attentes? Ça dépend pour qui! Faisons donc le tour de ce que ce rapport peut représenter pour les différents publics.
Le premier public de ce rapport, ce sont les membres du PLQ. Ils sont plus de 500 à avoir été entendus aux quatre coins du Québec. C’est quand même beaucoup de monde et ça aura certainement fait plaisir à ces gens-là de sentir un désir de les questionner et de les impliquer dans les solutions.
Lorsqu’un parti est au gouvernement, il a tendance à s’éloigner de ses membres pour la prise de décision puisqu’il doit gouverner pour tous. Dans le cas des libéraux, cette distance s’est prolongée après la défaite de 2018 que ce soit à cause de l’absence de chef ou de la pandémie.
Les membres ont amené des idées intéressantes comme de transformer le Sénat canadien en «Chambre des provinces», l’élaboration d’une stratégie industrielle nationale, donner plus d’autonomie aux régions ou rapatrier le choix des immigrants temporaires.
Il y’a aussi la fameuse idée de constitution québécoise déjà dans les cartons de la CAQ qui fait son apparition au PLQ. Des idées plus proches d’un programme politique que d’une révision profonde de leurs valeurs, mais surtout, des propositions qui risquent de peu raisonner à l’extérieur des partisans.
Est-ce que les propositions du comité sur la relance ont amené des idées qui ont le potentiel de mobiliser à nouveau les Québécois derrière le PLQ? J’en serais surpris. Le problème des libéraux n’est pas d’avoir des idées, d’ailleurs tous les partis en ont. Le véritable enjeu est de donner à la population une raison forte de voter pour eux et de leur faire confiance.
À ce chapitre, le document me laisse sur ma faim. Depuis 20 ans et l’élection de Jean Charest, les libéraux ont été élus sur une base principale, la stabilité et la rigueur économique. Lors des élections de 2003, 2007, 2008 et 2014, la victoire libérale a principalement été basée sur la qualité de leur équipe économique et sur la profonde confiance que les gens avaient en eux pour contrôler les dépenses de l’état et protéger le Québec des déficits budgétaires.
Cependant, en 2018, les gens ont voté contre les sacrifices importants que la rigueur économique leur a demandés et ils n’ont plus ce lien avec le PLQ. J’ai beau éplucher le rapport, je ne vois rien pour ramener cette confiance et pour reprendre ce qui leur a donné leurs quatre dernières victoires.
Il reste le fédéralisme. Cet attachement au Canada est l’autre fer de lance des libéraux. C’est, avec l’économie, ce qui leur a permis d’avoir une alternance de pouvoir avec le PQ pendant 40 ans. Là-dessus, le document propose un fédéralisme proactif sous forme d’un nationalisme plus assumé.
Mais là encore, le terrain du nationalisme a été envahi avec succès par la CAQ et j’ai de la difficulté à croire que les idées du rapport se différencient assez pour reprendre ce terrain. Il y a bien cette idée de remplacer le Sénat canadien par une Chambre des provinces, mais cette décision se prendra à Ottawa d’abord, pas à Québec. Trop loin pour que les gens retrouvent le goût de voter juste pour ça.
Non, ce rapport n’est pas une solution clé en main pour retrouver le pouvoir pour les libéraux. L’exercice est certainement bénéfique pour les militants et pour les élus actuels et il a du mérite. Cependant, cela ne changera pas, à court ou moyen terme, le déficit de confiance des gens envers ce parti. Selon moi, il y a un aspect qui pourrait les aider à retrouver la confiance : le temps.
En effet, la politique est un domaine où tout change très vite. D’ailleurs, l’élection du PQ dans Jean-Talon, un an après une défaite historique pour eux, en est la démonstration. Le problème c’est que le PLQ nous donne toujours l’impression de chercher la meilleure façon de retrouver le pouvoir plutôt que de se redéfinir.
Si cet exercice est le début d’une réflexion et que le ou la prochain. e chef.ffe a le temps de reconstruire ce parti, peu importe les résultats immédiats, le PLQ pourrait retrouver une place dans le cœur ou devant l’urne des électeurs et des électrices.
Courir après le pouvoir et penser que ce rapport est une solution risque d’avoir l’effet contraire, pour toujours.