On est à la mi-août (miow) et c’est avec des papillons de fébrilité qui se promènent dans mon estomac que je reprends d’assaut la plateforme de Noovo info. Ça me fait vraiment plaisir d’avoir encore le privilège de vous écrire chaque semaine.
C’est ma rentrée scolaire d’adulte.
J’ai passé un sapré bel été. J’espère que vous aussi. Entre théâtre d’été, congé et sueur sul pinch parce qu’on va se le dire, y a des journées où on était dans le fourneau du diable. Mais je ne m’en plains pas, je suis un gars d’été. Je voulais commencer ma saison de textes dans la légèreté, mais finalement, j’avais un abcès à péter.
Depuis quelques semaines, la chanteuse canadienne Nelly Furtado promène sa tournée un peu partout dans le monde. Visiblement, elle a l’air d’avoir beaucoup de plaisir sur scène. On sent qu’elle est contente de retrouver son public et ce dernier lui rend bien.
Mais, oh surprise!
Depuis quelques jours, ce n’est pas le fait d’enchaîner ses nombreux succès sur scène qui enflamme les réseaux sociaux, ce sont ces courbes. Eh oui… On y revient encore et encore et encore et encore.
J’aimerais vous écrire que c’est totalement inhabituel, mais non, ça arrive encore une fois. LE CORPS. L’APPARENCE. Je voudrais vous dire que mon texte est original, mais non, on a écrit souvent sur le sujet. Mais, je le fais encore parce qu’on n’a rien compris.
C’est vrai qu’elle n’a plus le même corps qu’en 2005. Mais, je vais t’en apprendre une bonne… On n'est plus en 2005. Nelly Furtado, comme TOUTES les personnes sur la planète, vieillit. Son corps a changé. Son corps change. Son corps s’est transformé au fil de son vécu. De son histoire personnelle. De ses hauts et de ses bas. Rien de plus, rien de moins. Mais pour trop de monsieur et de madame sur le web, ça chicotte. Ça dérange. Ça les travaille.
Mais ce que je me pose comme question chaque fois que ce genre de chose arrive, c’est : pourquoi ça te dérange? En quoi le corps d’une autre personne te dérange tellement que tu ressens le besoin viscéral de l’écrire publiquement sous une publication? Pourquoi ce besoin de faire une blague méchante pour blesser, pour attaquer gratuitement?
Pourtant, ce ne sont pas tes courbes, ce sont les siennes. Et visiblement, elle vit pas mal mieux avec elles que toi. Elle les assume et elle ne les cache pas. Donc, ça devrait suffire à mettre un terme à l’histoire. Mais non, c’est comme si l’addition des courbes plus être bien dans sa peau irritait. Comme si on voulait absolument lui faire comprendre qu’elle doit être mal à l’aise de la largeur de ses cuisses. De sa taille.
À la limite, que tu aies envie de la juger, je peux vivre avec ça. Jases-en avec ton entourage. Fais tes savoureuses blagues en cercle restreint. Mais le besoin de le dire publiquement et espérer qu’elle tombe sur ton message, ça, je ne comprends pas et je ne le comprendrai jamais.
Ce qui me frappe aussi, c’est que lorsqu’on regarde la photo de profil des gens qui font des commentaires disgracieux, la majorité a l’air de gens gentils, sympathiques. Des papas, des mamans, des grands-mamans.
Je serais curieux de voir leurs réactions si un étranger se plantait devant eux pour leur dire qu’ils ont un gros cul. Si on leur disait que leur petite fille devrait rester chez elle parce que son visage est crissement laid. Je suis certain que ça leur ferait très mal. Ils ne comprendraient pas pourquoi un étranger est aussi méchant gratuitement.
Mais voilà, on en revient toujours au même point.
Caché derrière un ordinateur, on peut dire tout ce qu’on veut. J’imagine même que pour certaines personnes, comme c’est virtuel, elles ont l’impression que ça n’a pas d’impact. Que la personne visée ne verra pas le message ! Mais non, les gens voient, lisent. Tout le monde voit.
Nelly Furtado serait mince comme une feuille de papier lignée qu’on lui reprocherait aussi. Il lui ferait autant de commentaires malveillants. Il n’y a pas d’issue. On tourne en rond comme un chien après sa queue.
En ce moment, sur la planète, ce ne sont pas les enjeux qui manquent, c’est ça qui devrait nous préoccuper. Pas les courbes de Nelly. Ni celle de personne. On a TOUS nos enjeux physiques, on est bien placé pour le savoir.
Alors, une fois pour toutes, crissons donc la paix à nos corps.
Pour recevoir toutes les chroniques d'Alex Perron, abonnez-vous à notre infolettre, Les débatteurs du samedi.
