Début du contenu principal.
«Cette séance de "plénière" dont nous avons été témoins mercredi soir à CNN était absolument unique.»
Dois-je vous dire, j’en ai vu des discours politiques, des débats, des entrevues dans ma carrière, mais cette séance de «plénière» dont nous avons été témoins mercredi soir à CNN était absolument unique.
Donald Trump, l’homme reconnu «responsable» d’agression sexuelle et de diffamation, mis en accusation pour fraude et possiblement poursuivi pour l’insurrection du Capitole, faisant des blagues en répandant ses mensonges et insultant tous ceux qui ne comprennent pas le monde comme lui. Le monde selon Donald.
Il n’a pas fallu plus de 30 secondes après la première question pour que Donald Trump répande ses mensonges sur l’élection de 2020. Pendant une heure, il répéta ad nauseam que l’élection avait été «truquée» (rigged), et ce, malgré les tentatives de l’animatrice de CNN de rétablir les faits.
Elle a eu beau rappeler les 60 jugements défavorables à la théorie de Trump, rien n’y faisait. Il a continué à parler de fraude électorale, allant même à appeler «stupides» ceux qui ne voyaient pas les choses de la même façon et à laisser entendre qu’il pourrait réutiliser le même stratagème s’il perdait en 2024.
On dit en communications qu’il faut répéter neuf fois un message pour qu’il soit compris. Malheureusement, Donald Trump l’a bien compris et l’a appliqué à ce mensonge sur l’élection, mais aussi à plusieurs autres notamment sur l’insurrection du 6 janvier 2021, aux accusations d’agression sexuelle desquelles il a été reconnu «responsable» au civil et des documents qu’il gardait à sa résidence de Mar-a-Lago.
«Drill, baby drill» est un slogan rendu populaire par les républicains en 2008 pour illustrer leur désir de poursuivre le développement de leur production pétrolière. Ce slogan a été repris en 2012 par Sarah Palin, alors candidate au poste de vice-présidente lors de la deuxième élection d’Obama.
C’est maintenant au tour de l’ancien président de l’utiliser pour illustrer son désir de redémarrer les forages de pétrole pour lutter contre l’inflation et diminuer le prix de l’énergie.
Au-delà de l’idée qui va à l’encontre du consensus mondial autour du réchauffement climatique, cette affirmation démontre le côté nostalgique de la candidature de Trump. Il ramène des idées d’une autre époque dont la nuisance a été démontrée pour tenter de séduire un électorat qui soufre des effets de la hausse des prix à la consommation.
Cette manipulation se reflète aussi dans sa position sur la question de l’avortement sur laquelle il s’est tristement dit fier d’avoir réussi à défaire le jugement de Roe c. Wade qui protégeait le droit à l’avortement des femmes américaines.
Ce recul énorme dans le droit des femmes ne le dérange pas et, au contraire, il prétend avoir ainsi permis aux pro-vie d’avoir un pouvoir de négociation avec les gouvernements sur ces questions-là.
On dirait que Donald Trump aimerait revenir vers le passé et retrouver une époque qu’il considère comme meilleure. Tristement, à en croire les applaudissements dans la salle, il n’est pas le seul!
«Je vais régler la guerre en Ukraine en 24 heures.» Quelle arrogance!! Alors que des milliers de civils meurent, que des millions doivent se réfugier, l’ancien président a répété mercredi cette idée aussi simpliste que ridicule.
Le problème, c’est qu’il semble vraiment croire que son influence est telle que sa seule présence permettra de régler les problèmes de la planète: «Je vais régler l’inflation.» « Nous avions la meilleure économie de l’histoire du monde.»
Ce ne sont que quelques exemples de cette arrogance.
Quel triste spectacle, mais aussi quelle effroyable image de ce que la politique est en train de devenir dans ce pays, reconnu encore aujourd’hui comme la principale puissance mondiale.
Mais la question qui se pose aujourd’hui est de comprendre pourquoi CNN, réseau d’information boycotté par Trump depuis 2016, s’est prêtée à ce jeu grotesque.
La réponse, on la connaît tous: les cotes d’écoute.
Lorsque l’on parle de la réalité médiatique à nos clients en relations publiques, on leur explique que l’information est une denrée commerciale et qu’il est donc important de comprendre qu’elle a une valeur économique essentielle à la survie des médias.
Aussi menteur, manipulateur, simpliste ou arrogant qu’il soit, Donald Trump réussit à attirer l’appui et l’engagement d’une portion importante de la population américaine.
CNN l’a compris et a décidé de donner une tribune et un espace d’expression à un homme aux mœurs douteux, à la vérité variable et aux idées aussi réalistes qu’un troupeau de licornes. Je comprends le pourquoi, mais je vois aussi le danger.
Avec 7 points d’avance sur Joe Biden, on dirait bien que la désinformation et la propagande ont pris le dessus sur la rigueur et la vérité.
Il reste 18 mois, ça va être long!