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Les messages du nouveau conseil des ministres

Au-delà des individus, ce sont les symboles qui retiendront l’attention.

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Le premier ministre du Canada, Mark Carney. Le premier ministre du Canada, Mark Carney. (Montage Noovo Info et La Presse canadienne)

Mardi, le nouveau premier ministre, Mark Carney, annoncera la composition de son conseil des ministres. Un peu plus de trois mois après son élection à la tête du Parti libéral du Canada et la formation de son cabinet restreint et moins de trois semaines après sa victoire aux élections générales, il est désormais prêt à constituer sa véritable équipe.

Bien entendu, nous sommes tous curieux de découvrir les personnes qui auront été choisies, leur parcours, leurs mandats et leur style. Toutefois, au-delà des individus, ce sont les symboles qui retiendront l’attention. L’annonce de demain sera remplie de gestes porteurs de sens, qu’il faudra savoir interpréter.

Voici donc les messages que la nomination du Conseil des ministres devrait transmettre.

L'importance de l'égalité hommes-femmes

Lors de la formation du cabinet en mars 2025, de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer deux décisions perçues comme un recul en matière d’égalité entre les sexes. D’abord, la parité instaurée par Justin Trudeau a été rompue : 13 ministres hommes pour 11 femmes. Bien que cela se situait dans ce que l’on appelle, au Québec, la « zone de parité », le premier ministre a déjà exprimé son intention de revenir à une parité parfaite — une décision qui s’impose en 2025 comme une norme incontournable.

Ensuite, la disparition du titre de ministre à la Condition féminine a suscité une vive déception et de nombreuses critiques. La formation de ce nouveau cabinet représente une opportunité de corriger cette erreur et de confier à une femme cette responsabilité essentielle autour de la table ministérielle.

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Rendre la pareille au Québec

Le Québec a répondu à l’appel des libéraux en leur accordant 44 élus, après leur victoire à Terrebonne. Il sera intéressant d’observer si cette adhésion se reflétera dans la composition du cabinet. Le nombre de ministres québécois sera évidemment scruté de près, mais l’importance des portefeuilles qui leur seront confiés le sera tout autant. Finances, Affaires étrangères, Immigration et Culture sont déjà entre les mains d’élus québécois, et font partie des ministères les plus importants d’un gouvernement fédéral. Il sera donc difficile d’augmenter l’influence, mais on peut augmenter le nombre. On compte actuellement six ministres issus du Québec ; on peut donc s’attendre à en voir huit ou neuf dans la nouvelle équipe.

Représenter toutes les régions

L’un des plus grands défis pour tout premier ministre est d’assurer une représentativité régionale au sein du cabinet. Lorsqu’il y a au moins un élu dans chaque province et territoire, on peut espérer une présence pancanadienne à la table du conseil des ministres. C’est un enjeu particulièrement stratégique dans le contexte actuel, car l’ambition de bâtir une économie véritablement nationale passe par une écoute attentive des réalités régionales. Le Conseil des ministres doit incarner cette diversité et cette volonté d’unité en s’assurant d’avoir des porte-voix qui viennent des quatre coins du pays.

Économie, économie, économie

Enfin, et non des moindres, le message économique. Mark Carney l’a répété à plusieurs reprises : l’économie sera l’un des principaux axes de différenciation avec son prédécesseur. Son parcours professionnel a convaincu les Canadiennes et les Canadiens de lui faire confiance pour relever le défi de renforcer l’économie face à la menace tarifaire. Toutefois, en situation de gouvernement minoritaire, il devra également démontrer une gestion rigoureuse des finances publiques et une action efficace contre l’inflation — un terrain sur lequel l’opposition conservatrice a su marquer des points.

Le conseil des ministres qui sera annoncé demain devra donc projeter une image forte: celle d’une équipe économique compétente, solide, capable de relancer l’économie canadienne tout en rétablissant l’ordre dans la gestion de l’État. Mark Carney a été choisi pour sa réputation et son expérience économique, mais il sera désormais jugé sur les résultats concrets qu’il et son équipe produiront.

Les défis du prochain conseil des ministres sont nombreux : lutter contre les tarifs, augmenter les dépenses en défense, revoir les politiques d’immigration, renforcer l’économie canadienne, évaluer les projets de pipeline ou de gazoducs, accroître l’offre de logements, investir dans les infrastructures, et bien plus encore.

Au-delà des personnes nommées, le Conseil devra incarner, à travers son image, sa crédibilité et la personnalité de ses membres, la capacité du Canada à traverser une période charnière de son histoire — ou, comme l’a affirmé Mark Carney durant la campagne : «la plus grande crise de nos vies».

Bon succès aux femmes et aux hommes qui seront choisis.

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