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Qui dit rentrée scolaire, dit retour de la préparation des lunchs, une tâche détestée par tous les parents de la Terre.
Ils doivent être sans allergènes. Colorés. Diversifiés. Pas répétitifs. Écologiques. Nutritifs. Savoureux. Santé aussi, évidemment. Et bien sûr, ils doivent être beaux. Si possible, instagrammables.
Je parle des maudits lunchs.
Qui dit rentrée scolaire, dit retour de la préparation des lunchs, une tâche détestée par tous les parents de la Terre. Avez-vous déjà entendu un seul parent s’exclamer de joie à l’idée de remplir un thermos ou un plat à crudités pour les 180 prochains jours ? Pas moi.
Malgré la multiplication de livres sur le sujet et l’existence de mille blogues culinaires, faire les lunchs, c’est monotone. C’est lassant. C’est coûteux (merci à l’inflation galopante). Et ça tue, à petit feu… On revient toujours, forcément, aux mêmes idées. Les sandwichs. Les carottes en bâtonnets. La trempette mayonnaise-ketchup. Le houmous. Le biscuit.
Un cauchemar.
Oui, plusieurs parents cultivent de bonnes intentions en début d’année. Forts d’un été plus lousse, fait de crèmes glacées, de popsicles et de popcorn, les parents laissent peu à peu tomber le projet « lunch parfait ». Plus les jours d’école s’écoulent, plus c’est la débâcle.
Les plus vaillants sont encore dans la course à l’Halloween — ils sont rares.
On commence avec des poivrons rouges découpés en forme de fleurs et on finit avec une tranche de fromage orange entre deux tranches de pain blanc. Septembre est tout brocoli ; juin est Jos Louis.
Non seulement la préparation des lunchs prend du temps et de la créativité, elle doit tenir compte des consignes. Et des consignes, mesdames et messieurs, il y en a ! Les collations doivent être santé, les sucreries sont interdites, la variété est fortement recommandée et les contenants recyclables sont applaudis.
Une barre tendre sans noix, c’est bien. Une barre tendre sans noix faite maison et pas suremballée, c’est mieux. Végane, bio et sans gluten, c’est le summum. On vous décerne une médaille.
Privés de four micro-ondes, les restants de souper (stratégie numéro un des parents paresseux, dont je suis) doivent être envoyé dans des thermos… bien fermés et hermétiques. Combien de dégâts phénoménaux tapissés dans la boîte à lunch au retour?
Et si seulement les clients ne déposaient pas trop de plaintes, si seulement ils montraient de petits signes de reconnaissance, de gratitude, une petite tape dans le dos pour le chef une fois de temps en temps, déjà, ce serait un moindre mal.
On aurait (un peu) le sentiment du devoir accompli.
Mais lorsqu’au retour le paquet revient tout emballé, presque intouché, le concombre intact, mais un peu flétri et le sandwich attaqué en angles épars, la préparation du lunch apparaît non pas comme une corvée, mais comme un long chemin sinueux, un chemin de croix.
Un calvaire.
Il m’est arrivé une fois d’accueillir des plats vides, pas une miette, plus une goutte. Ébahie (et naïve), j’ai demandé à ma douce héritière si je refaisais la même chose le lendemain : « Je vais demander à Léa, c’est elle qui a mangé mon lunch et en échange, j’ai mangé sa salade fattouche. Trop bon ! »
Vider les plats de nourriture défraîchie, séchée, collée, odorante, au retour de l’école, est la tâche la plus plate et ingrate de l’univers des tâches domestiques parentales. J’ai très vite délégué cela à ma progéniture : je fais, mais je ne DÉFAIS pas. Point.
Ne faites pas l’erreur de regarder une seule vidéo de lunchs soignés sur les réseaux sociaux : Instagram et TikTok vous bombarderont d’images léchées de lunchs irréprochables, confectionnés par une mère lisse et impeccable comme les mets qu’elle prépare (dans la joie et l’allégresse).
Peu importe le clan, celui du matin ou du soir, je vous assure qu’aucun parent n’a l’air de ça en préparant le lunch de son enfant. C’est plutôt échevelé, étourdi, chancelant, hésitant, probablement cerné, en maugréant, que le parent moyen prépare le lunch.
Un conseil en terminant : je n’ai pas de conseil.
C’est infernal.
Bonne chance.
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