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C’est moi ou vieillir, c’est libérateur finalement ?
C’est moi ou vieillir, c’est libérateur finalement ? J’ai du mal à comprendre pourquoi. J’ai eu 40 ans cette semaine et je ne me suis jamais sentie aussi libre. On ne me l’avait pas dit. J’avais l’impression que toute la société conspirait à me faire croire que j’allais devenir une vieille peau et disparaître dans l’oubli parce que mes totons n’avaient plus l’air de balles rebondissantes. Vous mentiez ? Comme la fois où vous m’avez montré partout que l’accouchement faisait mal, mais vous aviez oublié de mentionner que ça faisait aussi terriblement peur ?
Je ne me suis jamais sentie aussi libre parce que tout d’un coup j’ai l’impression de basculer dans une décennie où plus personne n’attend quelque chose de moi. On pourrait penser que c’est affreusement triste, mais n’est-ce pas aussi formidablement libérateur ? Il y a une petite fille dans mon quartier qui a treize ans et elle vient de s’ouvrir un commerce. Vous avez bien lu.
Bien sûr, sa mère a démarré le magasin avec elle, mais toute l’idée, tout le savoir-faire, l’entièreté du projet est chapeautée par elle. Je n’ai pas deviné qu’elle avait 13 ans quand je me suis rendue dans sa boutique, parce que je vous rappelle que j’en ai 40, donc tout le monde pour moi a l’air jeune. Je pars du principe que le front de tout le monde est désormais plus lisse que le mien. Mais 13 ans, ça reste très, TRÈS jeune. Tu vois, la pression est sur elle. La pression d’accomplir de grandes choses, de se révéler à son époque, de représenter l’avenir, le futur, le progrès !
Moi ? Non, non. Ça va très bien, j’ai déjà donné. On m’a regardée à 20 ans comme si j’étais le dernier modèle de char et bien que c’était artificiellement valorisant, je savais que pas grand-chose dans tout cela avait avoir avec qui j’étais, mais plus avec l’attrait de la nouveauté.
Et une fois que l’on n’est plus nouveau, qu’est-ce qu’il reste ? Une fois que ce monde braque les projecteurs sur tout ce qui n’a pas ton âge, il te reste quoi ? Le botox ? La chirurgie, un pompier de l’âge d’un de tes neveux qui veut te rappeler tes 20 ans avec son boyau ? (je m’excuse). Ben non, il te reste la paix. La sainte paix.
Ce sentiment que mes enfants savent maintenant largement attacher leurs souliers tout seuls, que j’ai passé les 13 dernières années à répéter, répéter et répéter jusqu’à ce que la différence entre le bien et le mal leur rentre dans la tête. Ils font leurs nuits et maintenant, le monde est à moi.
C’est pendant que personne ne regarde que l’on danse le mieux et les fleurs de septembre sont mes préférées parce que personne ne les attend.
Longue vie à ce qui (en secret) éclot sur le tard.