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Je sais qu’il ne faut jamais, ô grand jamais, croire aux premiers rayons de soleil un peu chauds du mois de mars. Souvenez-vous, comme chaque année, nous les avons reçus autour du 8 mars.
Vous souvenez-vous, il y a deux ans, quand le temps s’était arrêté ? Quand nous étions aux balbutiements de la pandémie ? Quand, comme une gifle qui interrompt les Oscars, notre choc était énorme ? Qu’allait-il donc se passer ? Nous retenions notre souffle dans le vide. Secoués, ébahis par la vague, abasourdis par tant d’inconnu. Et puis, ce gris, il avait dû faire gris et froid tous les jours jusqu’à fin mai.
Le printemps tarde mes amis. Je ne suis pas dupe. En bonne Québécoise née à Montréal, je sais comme il se pointe. Je sais qu’il ne faut jamais, ô grand jamais, croire aux premiers rayons de soleil un peu chauds du mois de mars. Souvenez-vous, comme chaque année, nous les avons reçus autour du 8 mars. Une jolie journée qui donne envie de se débarrasser de nos pelures d’hiver. Qui fait chanter les quelques oiseaux courageux de l’époque un peu plus fort qu’à l’habitude et qui forcerait presque les bourgeons à ouvrir un œil. Mais quelle traîtresse cette journée-là !
Telles une série de contractions de Braxton Hicks, elle n’annonce PAS la naissance imminente du printemps. NON ! Cette journée-là n’est que mensonge. Elle ne fait que nous faire croquer dans le souvenir que le Québec est parfois autre chose qu’une terre morte où les branches des arbres sont aussi sèches et éparses que des cheveux de vieillard. Cette pomme juteuse qu’est cette journée faussement chaude veut nous faire saliver pour qu’ensuite vlan, l’hiver revienne ! Cruel, de ses longs doigts il nous remet nos tuques sur la tête, nous étrangle nos foulards au cou, et alors, courbés, nous devons continuer à traîner nos grosses bottes et toute la misère du froid qui vient avec.
Mais quand ?! Quand viendront-ils les bourgeons ? Quand nous crieront-ils dans les oreilles avec leurs potes les crocus et qu’enfin, sortez muguets et clochettes, dressez les nappes à pique-nique, vissez les terrasses de bois au sol, ça y est ! Après de longs, longs mois de gestation, félicitations, la renaissance est là.
L’hiver est parfois beau bien sûr, avec son cœur éclatant, sa lumière sur la neige. Mais ce gris fade qui traînasse mars et avril venus, on s’en passerait davantage. Surtout par les temps qui courent. Nous sommes essoufflés par la violence de l’actualité.
Au moins, nous ne sommes plus en mars 2020. Mais il y a tant de morne dans le monde, qu'un rayon de soleil ou deux qui réchauffent, ça ne fera pas de mal.