Mon sujet est loin d’être nouveau. On en parle déjà depuis un bon moment. Cette fameuse désinformation qui sévit un peu partout sur les différentes plateformes. Avec l’amélioration à vitesse grand V de l’intelligence artificielle, ça devient de plus en plus ardu de départager le vrai du faux. Sans tomber dans la paranoïa virtuelle, je regarde plusieurs fois avant de croire que ce que je lis ou ce que je vois. Et je ne devrais pas avoir besoin de me poser cette question. Ça ne devrait pas être un nouveau réflexe que je développe.
Comprenez-moi bien, quand on se sert de l’IA pour faire rebondir un chat en bas d’un arbre et le faire atterrir sur ces quatre pattes, ça me va. Je ris un bon coup et je passe au prochain clip. Que vous utilisiez votre visage sur le corps de Luke Skywalker qui se bat contre Darth Vader, ça m’amuse. Mais lorsqu’on entre dans la sphère de l’information au sens large, ce qui se passe dans le monde réel, ça me fait moins plier en deux de rire.
Et justement, la semaine dernière, pendant que sévissait l’ouragan Mélissa en Jamaïque entre autres, je n’ai pas éprouvé beaucoup de plaisir. Premièrement, parce que ce n’est pas drôle du tout comme événement. Et deuxièmement parce que j’ai consulté de fausses nouvelles à la tonne. Et je suis tombé dans le panneau quelques fois. J’ai pensé lire une vraie nouvelle, mais c’était faux. J’ai pensé voir un vrai clip qui ne l’était pas. Ça m’a énormément frustré.
Ce qui m’a frappé le plus, c’est la qualité de ses textes et de ses images. Par la qualité, je veux dire le soin avec lequel le texte était écrit. J’étais convaincu de lire un ou une journaliste. Par la qualité des images. C’était très bien fait. Trop bien fait. À certains moments, j’étais sûr de regarder un village dévasté. Pour être bien sûr de me mêler encore plus, on a aussi mélangé de vrais textes avec de fausses images et l’inverse. La maison des fous d’Astérix.
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Mais pourquoi? Outre le fait de propager de la fausse information, ça sert à quoi ? À qui ? Est-ce que les personnes qui sont derrière ses fausses nouvelles sont fières ? Elles se disent : WOW ! J’ai utilisé une tragédie pour tromper des gens. Qu’est-ce qu’on rit. C’est malade comme je suis bon. C’est pour les fameux clics? Ça se propage, on repartage sans fin. C’est une expérience mondiale? Comment le faux peut-il voyager à la vitesse de la lumière ? Déterminons le nombre de naïfs mondiaux.
Je suis un éternel optimiste qui a encore foi en l’humanité, mais je me dis qu’on devient de plus en plus médiocre au fil du temps. J’ai beau chercher, je ne trouve pas ce qu’il y a de bon à tromper délibérément les gens. Mis à part, peut-être, un petit orgasme d’ego personnel. Nous n’avons jamais été aussi connectés ensemble sur le globe, il me semble qu’on devrait utiliser ce privilège à faire du mieux qu’on peut. Et non pas se sacrer des bâtons dans les roues. À s’élever le plus possible.
Bien entendu que ma source d’information de base reste les sites officiels des journaux du monde entier et l’information à la télé. Mais nous sommes à l’ère de l’info constant. Du rapide. Il est normal d’aller zieuter les infos sur des sites alternatifs, mais fiables. Le problème est souvent là. Comment savoir si ces nouvelles sources le sont?
C’est un gros panier de crabes avec de gentils crabes et de pas gentils crabes. Si chaque fois que je m’attarde sur une nouvelle, je dois d’abord longuement me questionner sur la véracité de ce que j’ai sous les yeux, on a un gros problème. On va tous finir par développer un syndrome du Saint-Thomas. Je ne vois pas, je ne crois pas.
On devient sceptique. On hésite à croire. On fait moins confiance. Si ce ne sont pas de vraies images de l’ouragan Mélissa, est-ce que cette campagne de don est vraie ? Est-ce que c’est de l’arnaque ? Cette histoire de sauvetage héroïque est-elle vraiment arrivée ? Cette lueur d’un nouveau traitement est-elle montée de toutes pièces ? Voilà. Ce n’est jamais bon pour personne quand le doute s’installe.
Sur ce…
Faites vos recherches. :- P
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