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La communication est un outil puissant de mobilisation, de conviction et, malheureusement, de désinformation dans un conflit comme celui que nous vivons.
Avant tout, au peuple ukrainien de partout à travers le monde, je suis en mes pensées avec vous. Je prie avec vous pour que cette guerre se termine le plus rapidement possible en évitant le plus de pertes humaines possible. Mes condoléances aux familles endeuillées.
Durant les prochains jours et semaines, vous entendrez probablement ce célèbre dicton de Rudyard Kipling «La première victime d’une guerre, c’est la vérité». La guerre qui débute en Ukraine ne fait pas exception à cette règle. Elle nous rappelle que la communication est un outil puissant de mobilisation, de conviction et, malheureusement, de désinformation dans un conflit comme celui que nous vivons.
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Les moments de l’histoire qui démontrent l’importance de la communication en temps de guerre sont nombreux. D’ailleurs, il est essentiel de rappeler que le « père » des relations publiques, Edward Bernays a travaillé activement au sein d’une commission créée par le Président Wilson pour convaincre le public de l’importance pour les États-Unis de participer à la Première Guerre mondiale (1914-1918).
Ses principes et enseignements ont été largement réutilisés par Joseph Goebbels, ministre de l’Éducation du peuple et de la Propagande de l’Allemagne nazie, pour qui les médias devaient être manipulés de façon chirurgicale pour servir les intérêts de son gouvernement.
Plus récemment, plusieurs se souviendront du débat sur les armes de destruction massive qui avait pour but de justifier une intervention américaine en Irak en 2003. Le Président Bush avait alors déclaré que des armes biologiques étaient fabriquées en Irak sur la base d’un rapport des services de renseignement. On apprendra en 2015 que le rapport cité était beaucoup moins affirmatif que le président l’avait alors affirmé.
Ces événements ne sont qu’une infime partie des preuves que l’histoire possède sur la désinformation ou la propagande qui peut se produire lorsque l’on veut justifier un conflit armé.
À ce sujet, Vladimir Poutine a passé les derniers mois à bâtir l’histoire qui justifierait cette invasion. Il a intensifié ses propos dans les derniers jours en parlant d’une « démilitarisation et une dénazification de l’Ukraine » qui étaient nécessaires afin d’arrêter un « génocide » contre les séparatistes russes par le gouvernement ukrainien.
Ces propos sont, selon toute vraisemblance, complètement faux. Mais le président russe utilise des médias gouvernementaux pour appuyer son histoire avec des nouvelles présentées sans preuve et sans fondements par certains journalistes, notamment du média russe pro gouvernement RT.
Cette désinformation a pour but de s’assurer que la population russe adhère aux justifications de cette guerre. Cependant, en 2022, avec la multiplication des canaux de communication, il est très difficile, voire impossible, de propager ce type de fausses informations sans qu’elles ne soient contrevérifiées et souvent, contestées dans la population. D’ailleurs, nous avons tous certainement vu ces citoyens qui manifestent, avec courage et au péril de leur vie, contre cette guerre en Russie.
De notre côté, l’information est également utilisée massivement pour s’assurer de l’adhésion du public aux mesures prises contre la Russie par les pays occidentaux. Les médias de masse sont tous mobilisés pour nous présenter l’information, les réactions et les échos des citoyens qui vivent cette guerre en Ukraine, des gouvernements à travers la planète et des experts-analystes qui nous expliquent ce qui se passe.
Après 2 ans de points de presse sur un virus, les conférences de presse sont maintenant tout aussi nombreuses de la part des chefs de gouvernement pour nous présenter la position de leurs pays, pour lutter contre la désinformation et pour favoriser une meilleure connaissance des faits par la population occidentale.
Cette information et ces faits permettent au public de développer une position par rapport au conflit et d’accepter les conséquences des sanctions sur nos propres quotidiens. Parce qu’il ne faut pas être dupes : ce conflit aura des effets sur nos économies et sur nos quotidiens bien qu’à une mesure bien moindre que les conséquences pour le peuple ukrainien.
Je suis sûr que, comme moi, nous sommes nombreux à être collés sur nos cellulaires pour suivre les nouvelles du conflit. Twitter, Facebook, Instagram et même Tiktok sont utilisés pour avoir des informations et pour savoir ce qui se passe en temps presque réel. Les qualités de ces réseaux sont nombreuses, mais les dangers également. D’ailleurs, on l’a vu pendant la pandémie, les réseaux sont aussi une pépinière très fertile pour la désinformation.
De plus, certains se souviendront d’une certaine élection américaine durant laquelle Facebook aurait été utilisé par les Russes pour favoriser un candidat qui leur semblait plus « sympathique », Donald Trump. Il faudra d’ailleurs être prudents avec la provenance de l’information que l’on partage et que l’on utilise, car les pièges sont nombreux et la propagande également.
Pour conclure, j’aimerais vous partager une pensée sur la question de la communication dans la situation effroyable que vit le peuple ukrainien. Nous avons tous une tolérance variable à l’information qui nous est transmise. L’information est un outil puissant et important, mais c’est aussi un produit qui peut avoir des effets importants sur notre moral et sur la santé psychologique, notamment celle des enfants.
Il est important de s’informer, mais il est aussi important de savoir reconnaître quand on a besoin d’une pause d’information pour profiter du quotidien et pour rester « sains d’esprit ».
Prenez soin de vous, de vos proches et surtout, courage aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens.