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La fusillade raciste ayant fait 10 morts et plusieurs blessés — en majorité des Afro-américains — à Buffalo dans l'état de New York a choqué tant aux États-Unis qu’au Canada.
Toutefois, chaque attentat terroriste se produisant chez nos voisins du Sud fait ressortir un vieux et laid réflexe de comparaison. Plusieurs croient à tort que de telles tueries, qui sont souvent l’œuvre de suprémacistes blancs, ne se produisent pas chez nous. Il n’y a rien de plus faux.
Notre histoire récente a démontré que la haine n’a pas de frontières et que le Canada n’y est pas immunisé. Quelques dates pour le prouver : la tuerie à la Grande Mosquée de Québec est arrivée en janvier 2017. L’attaque au camion bélier à Toronto s’est produite en 2018. Une famille musulmane a été percutée par une camionnette, et ce, de manière volontaire à London, en Ontario, en 2021.
Tous ceux qui tentent de se rassurer en affirmant que le Canada n’est pas les États-Unis trahissent, d’une certaine manière, leur privilège. Rappelons au passage le « Convoi pour la liberté » qui a paralysé le centre-ville d’Ottawa cette année qui aurait pu facilement dégénérer. Cette crise rappelait dangereusement l’assaut au Capitole du 6 janvier 2021 à Washington par des partisans de Donald Trump. Le « Convoi pour la liberté » avait été organisé par plusieurs figures de l’extrême-droite canadienne.
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Parmi les personnes racisées, nombreuses sont celles n’ayant pas le privilège de pouvoir fermer les yeux face à la haine et le racisme dont ils sont la cible quotidiennement, sous diverses formes, qu’elles soient plus insidieuses ou directes.
J’ai déjà écrit que l’on critique sa patrie parce qu’on l’aime. Critiquer le pays où l’on a grandi et où l’on vit témoigne d’un investissement émotionnel envers celui-ci. Plus encore, cela exprime le désir de voir ce pays respecter véritablement les idéaux qu’il met de l’avant : inclusion, équité, liberté et j’en passe. On critique son pays parce qu’on le croit capable de faire mieux pour tous et toutes.
Or, ce vieux réflexe de comparaison du « nous sommes moins pire que les États-Unis » me lasse profondément. C’est le réflexe de celles et ceux qui manquent de vision, d’ambition et d’audace.
Que ce soit en santé, en éducation ou encore en matière de reconnaissance du racisme systémique, je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas apprendre des meilleures pratiques, s’inspirer de celles et ceux qui font mieux pour pouvoir s’améliorer à notre tour. Il n’y a rien de glorieux à se féliciter à outrance alors qu’on fait le choix, collectivement, de se contenter du minimum. Il n’y a pas de quoi être fier lorsqu’on s’assoit grassement sur ses lauriers.
Il serait peut-être temps de casser ce réflexe humain, certes, pour sortir de sa zone de confort, se surpasser et viser plus haut pour que chacun et chacune d’entre nous puisse trouver sa place dans la mosaïque qu’est le Canada. Sinon, force est d’admettre que le fameux proverbe québécois « né pour un petit pain » prendra encore plus de sens.