On nous a souvent dit que le souverainisme était voué à mourir. Une vieille idée, qui a fait l’objet de deux référendums déjà. Deux référendums qui furent perdus. «Il est temps de tourner la page», diront plusieurs. Or, n’en déplaise aux fédéralistes, tant que la nation québécoise existera, le projet de pays existera. La preuve en est que l’on constate une montée de l’appui à la souveraineté chez la jeune génération.
Dans le sondage Léger du 26 juin 2025, on constate que 48 % des jeunes de 18 à 34 ans appuient la souveraineté. Chez la population générale, le «oui» récolte 36 % des appuis. Certains pourraient y voir un soubresaut. Il est effectivement possible que ces données fluctuent, mais elles sont quand même parlantes et elles illustrent que l’indépendance intéresse et suscite un certain engouement. Qui aurait cru à cela il y a quelques années à peine?
L’indépendance n’est plus wack
L’indépendance intéresse. Il y a quelques années, on «avouait» être indépendantiste comme un truc un peu vieillot, ringard, honteux. Le bon goût voulait que l’on se moque des souverainistes. C’était tellement tendance.
La souveraineté était un projet de «vieux». Les baby-boomers y adhéraient davantage que la jeunesse. C’était aussi un projet de loser. Ton grand-père a voté oui, il a perdu. Ta mère a voté oui, elle a perdu. Toi tu n’as pas envie de faire partie d’un projet de perdants… Tu as envie de gagner. On disait aussi des jeunes qu’ils n’étaient pas nationalistes, car «citoyens du monde». Il était également très à la mode d’opposer nationalisme québécois et ouverture sur le monde.
Quand je travaillais dans des cabinets péquistes, dans les années 2010, la question de l’indépendance était vue comme un boulet. On ne se privait pas pour nous tourner au ridicule: regardez ces irresponsables… des pelleteux de nuages avec leur pays imaginaire.
J’imagine qu’il est un peu normal de devoir traverser un désert après deux défaites référendaires. Mais le dernier plébiscite à ce sujet date d’il y a 30 ans. Tous les gens nés après octobre 1977 n’ont jamais été consultés sur la question. Et tous ceux nés après disons 1990 n’ont même pas eu conscience de la dernière campagne référendaire.
Cela ne veut évidemment pas dire qu’un référendum gagnant est à portée de main, alors que l’on constate un recul dans d’autres groupes d’âge. Alors que la force de l’inertie est toujours extrêmement forte et qu’il est difficile de ne pas se heurter aux impératifs économiques et à l’insécurité créée par un contexte mondial plus anxiogène que jamais. Cette montée de la souveraineté cohabite avec un Mark Carney en lune de miel, incluant avec les Québécois.
Mais tout cela signifie que le projet n’est pas voué à mourir.
Oui, les jeunes sont aussi préoccupés par le coût de la vie, la crise climatique, l’accès à la propriété et plein d’autres enjeux importants, mais force est de constater que l’on sent un éveil national chez plusieurs d’entre eux. Et nous n’avions pas vu ça depuis des décennies.
L’indépendance sur le terrain des jeunes
Ces plateformes, et le contenu conçu dans un format que les jeunes sont habitués de consommer qu’on y retrouve, jouent un rôle important dans la construction d’un mouvement politique et culturel.
Tout comme la musique, les films et l’art en général ont contribué à incarner certains mouvements politiques et sociaux, les « memes », les « brainrot », les TikTok et les podcasts sont les formats qui agrémentent les plateformes fréquentées par la jeune génération avec leur couleur.
Le reportage de Mounir Kaddouri, aka Maire de Laval, explore cette question avec brio.
Même pour les fédéralistes, il me semble qu’il y a une bonne nouvelle là-dedans. Alors qu’on accuse souvent ces générations d’être hyper atomisées et individualistes, tournées vers leur nombril, voici un grand nombre d’entre eux qui adhèrent à un projet collectif, un projet plus grand qu’eux. J’y vois quelque chose de profondément encourageant.
Bonne fête du Canada à mes amis canadiens… et vive le Québec libre!

