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Geneviève Pettersen | Sois belle versus sois riche
Suis-je dans le champ complètement si je trouve que ce que l’on propose aux jeunes hommes et aux jeunes filles comme «modèle de succès» sur les médias sociaux est très différent selon le genre auquel on appartient?
Les filles sont des princesses et les gars, des aventuriers
Vous pensiez que ces clichés dignes des vieux livres pour enfants des années 1980 étaient révolus? On dirait que ces archétypes sont encore bien vivants et on peut les observer à l’œuvre quotidiennement sur les médias sociaux.
Je m’explique. J’ai l’impression que beaucoup de publications et de vidéos sur des plateformes comme Tik Tok ou Instagram mettent l’emphase sur la réussite sociale et la meilleure façon de trouver sa place dans l’univers. Tout le monde semble vouloir devenir quelqu’un. Ce n’est pas un problème en soi. Je n’ai rien contre l’ambition et la réussite, au contraire.
Mais je remarque quand même qu’une grande majorité des contenus destinés à un auditoire féminin est axée sur l’apparence physique. La recherche de la beauté est dès lors présentée comme la clé vers l’ascension sociale, dirait-on.
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Du côté des contenus davantage produits et regardés par les garçons, on nous instruit sur la façon de devenir riche le plus rapidement possible en spéculant, en achetant des monnaies virtuelles ou en se bâtissant un empire immobilier.
Rapide. C’est peut-être LA notion qui ne diffère pas d’un sexe à l’autre. On nous donne des deux côtés une recette pour que ça aille vite. Je ne m’étendrai pas sur la façon dont des influenceurs/coach de vie font leur pain et leur beurre sur cet empressement. Je l’ai déjà fait dans une autre chronique.
Ce que je trouve préoccupant, ce qui m’amène à me questionner, aujourd’hui, c’est qu’en 2023, on en soit encore dans les stéréotypes de la fille qui se maquille et qui s’entraîne pour devenir riche ou pour rencontrer quelqu’un de riche tandis qu’on montre aux gars à utiliser leur argent pour atteindre des objectifs. Ce qui m’embête, c’est la binarité de tout ça alors qu’une personne peut être tellement de choses en même temps.
Le pouvoir des femmes, il passe par où?
Il y a beaucoup femmes super fortes et inspirantes sur les médias sociaux. Des femmes que j’admire énormément. Souvent, oui, leur business est lié à l’apparence et/ou au selfcare. C’est peut-être les plateformes qui amènent ça et qui sont aussi plus propices au partage de ces types de contenus là parce que c’est monétisable? Je réfléchis tout haut.
Je veux vraiment être claire. Je ne pense pas que de se maquiller, c’est mal. Je ne pense pas non plus que vouloir être belle, c’est superficiel ou con. Pas du tout. J’en regarde plein, des tutoriels de makeup pis je suis moi aussi captivée par les vidéos d’entraînement ou les recettes santé de ces filles que je trouve souvent géniales à suivre.
Il ne faut pas non plus mettre de côté le fait que ça peut être très empouvoirant pour certaines femmes d’utiliser leurs corps et leur beauté pour accéder au pouvoir et à l’argent. Elles ont le droit et je trouve ça épouvantable que plusieurs d’entre elles subissent du slutshamimg au quotidien à cause des choix qu’elles font.
Moi, ce qui me préoccupe, c’est plus le clivage entre ce qu’on présente aux garçons et aux filles. Est-ce qu’on est vraiment encore là? Je veux dire à baser la valeur d’une femme sur sa beauté et celle d’un homme sur son portefeuille?
J’ai envie qu’on se pose des questions. Parce que ça me gêne qu’il y ait une disparité aussi forte entre les contenus. On est encore en train, il me semble, de resservir les clichés de la princesse (la fille qui cherche à être la plus belle possible) et de l’aventurier (le gars courageux qui prend des risques et investit) à de jeunes personnes en train de forger leur identité.
On dit aux filles soyez belles et on dit aux gars soyez riches. Comme si c’était aussi simple et comme si les gens étaient unidimensionnels.
J’ai un malaise. Ça fait peut-être de moi une vieille matante radicale, remarquez. On parle beaucoup de diversité. Et je ne trouve pas qu’il y en a tant que ça sur ces plateformes.
Mais je me trompe peut-être. Si vous avez des exemples de femmes et d’hommes qui me ferait fermer la trappe, écrivez-moi à genevieve.pettersen@bellmedia.ca. Ça va me faire vraiment plaisir d’enrichir ma culture virtuelle et de découvrir de nouvelles affaires.