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Je ne sais pas si c’est à cause de la nouvelle année, mais deux de mes amies ont affirmé sur les médias sociaux qu’elles en avaient marre de devoir être les meilleures versions d’elles-mêmes. L’une des deux y est même allée d’une sortie sur le mot «gratitude» en le qualifiant du mot le plus gossant. Amen.
Mon Instagram et ma FYP sur Tik Tok sont envahis par des conseils de toutes sortes en rapport à mon bien-être physique et psychologique. C’est comme si devenir la meilleure version de soi-même (autre expression power gossante) était devenu le but ultime de l’existence. Et je ne vous apprendrai rien en vous disant que pour parvenir à se transformer en cette version sous stéroïde de sa personne, ça coûte souvent des bidous. Beaucoup de bidous.
On veut me vendre LA capsule qui empêchera mon ventre de ballonner et me faire boire un jus détox à 8$ la portion pis qui goûte le dedans du sac de la tondeuse. On veut me donner des formations qui valent 5000 piasses, mais qui tout à coup ne coûtent que 250$ parce qu’il y a une méga promo que je serais vraiment conne de manquer.
On veut m’apprendre comment investir mon argent pour devenir une millionnaire de l’immobilier en moins de deux ans. On veut me vendre des pantalons qui me remontent les foufounes et m’inciter à m’abonner à des applications de méditations pleine conscience. Tout ça, évidemment, entrecoupé de vidéos qui me révèlent toutes les chirurgies esthétiques que la femme qui voulait ressembler à une Barbie vivante a eu ou des erreurs de contouring qu’on fait passer 35 ans.
«Oui, mais les algorithmes te montrent des contenus en fonctions de tes intérêts ou de ce sur quoi tu as cliqué avant.» VRAI. Je plaide coupable. Pis je ne suis même pas gênée. Parce que tout tend vers ça sur les médias sociaux.
Je mets quiconque au défi de ne pas cliquer sur le clip où on voit à quoi ressemblait les plus grandes vedettes d’Hollywood pendant leur adolescence ou encore celui où un styliste douteux nous enseigne les pires fashion faux pas tout en ayant l’air du diable. Tout ça est vraiment toxique, mais je succombe.
Ce qui me fait capoter là-dedans, outre ma propre faiblesse par rapport à tout ça, c’est que ces gens-là, ceux qui font leur pain et leur beurre avec l’industrie du bonheur n’ont souvent aucune formation et aucune véritable compétence. Leur seul talent c’est de savoir sur quels boutons appuyer pour nous faire acheter leur bullshit. Et plusieurs ont le culot de nous dire que si on aspire au mode de vie qu’ils nous proposent ou, pire, si on échoue, c’est nous le problème. On ne doit pas avoir le bon «mind set» ou assez de «pensées d’abondance».
C’est fou, quand on y pense, que la tendance du mieux-être et du self care exerce une pression telle qu’elle nous fait tout sauf du bien. Penses-y. Combien de fois ça vous est arrivé d’être au spa ou au yoga et de culpabiliser de ne pas relaxer assez? Si vous êtes comme moi, des milliers.
Pendant qu’on s’évertue à devenir de meilleures personnes intérieurement et extérieurement à coup de codes promo, on engraisse le compte en banque d’une industrie et de personnes qui tirent profit de nos insécurités et de cette pression éternelle d’être toujours un petit rayon de soleil souriant et épanoui. On peut-tu se donner un petit break de toute cette imposture?
C’est ok de ne pas feeler, c’est ok de déprimer, c’est ok d’avoir du petit mou, c’est ok de ne pas sourire en permanence ou de passer sa journée à ne rien faire de constructif. On est des humains, ciboire. Pis un humain, c’est laid, des fois. C’est poche, souvent.
Un humain, ça se trompe, ça recule, ça avance, ça revient an arrière encore, ça pleure, ça crie, c’est fâché. C’est pas égal tout le temps. Il y a plein de petits bouts qui dépassent pis je nous aime de même. Il n’y a pas de solution miracle pour chacun de nos petits bobos à l’âme.
Ça fait que j’ai décidé de faire la promotion du tout croche. Pis aucun code promo n’est nécessaire.
Pour me raconter une histoire ou si vous voulez témoigner de quelque chose qui vous tient à cœur, écrivez-moi un courriel: genevieve.pettersen@bellmedia.ca