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Oui les gens, prenez une petite gorgée de café fort parce que ce qui s’en vient est délicieux. Martha Stewart est «officiellement» l’octogénaire la plus sexy de la planète.
Oui les gens, prenez une petite gorgée de café fort parce que ce qui s’en vient est délicieux. Martha Stewart est «officiellement» l’octogénaire la plus sexy de la planète.
La femme d’affaires américaine succède ainsi aux Bar Rafaeli, Kim Kardashian et Tyra Banks de ce monde en faisant la une du plus célèbre numéro de la marque culte.
Elle n’est cependant pas la première «vieille» à prendre la pose en maillot pour Sports Illustrated. Maye Musk (oui la mère d’Elon) l’a fait en 2022, à l’âge de 69 ans.
C’est vrai que ce serait tentant de n’y voir ici qu’une vulgaire tentative de la marque pour faire parler d’elle. Après tout, les entreprises qui font leur pain et leur beurre avec le corps des femmes récoltent, depuis quelques années déjà, moult critiques. Ce qui les pousse à nous enfoncer une «diversité » de bon aloi dans la gorge.
Sauf qu’on dirait que cette fois, j’ai envie de transcender mon premier réflexe, à savoir de penser que Martha Stewart en maillot de bain sur le cover du Sport Illustraded, à 81 ans n’est rien d’autre que de la chair à canon médiatique.
Je veux que ça soit vrai. Je veux qu’une «gang de marketeurs» se soit dit que c’était vraiment une glorieuse idée de prendre en photo une très vieille madame en maillot de bain et d’en faire l’égérie d’une campagne planétaire. Dans leur tour de verre, je les imagine se dire qu’ils n’en peuvent plus de l’esprit one size fit all. Je sais, je rêve en couleurs.
Je souligne au passage que l’idée d’utiliser le corps nu de madame Stewart n’est pas tant venue d’eux. Des photos coquines de la vedette ont en effet été publiées l’an dernier.
On pouvait la voir dans une cuisine, complètement nue sous son tablier, une tasse de café à la main. C’était évidemment une pub de café, mais ce n’est pas la question. La nudité de Martha s’est répandue sur internet à vitesse grand V.
Certains n’en revenaient pas de la voir s’exposer ainsi, à son âge. D’autres, au contraire, trouvaient ça réjouissant. Je fais partie de la deuxième catégorie.
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Avant que vous me disiez que Martha Stewart ne fait pas «son âge» puisqu’elle a sûrement eu des interventions esthétiques et des injections, je vous réponds d’emblée: pis ça? Ce n’est pas important, et ce n’est pas ça le sujet.
On est effectivement en droit de se demander si la marque l’aurait mise en une si elle avait eu l’air d’un raisin sec (s’cusez), mais je souligne au passage que ce type de publication exerce la même hégémonie auprès des corps plus jeunes. On les veut lisses, minces et toniques. Les corps, je parle. Tous les corps. Jeunes ou vieux.
Et même si, comme je le disais, Sports Illustrated a osé présenter quelques femmes plus rondes, des modèles trans, et une mannequin en situation de handicap, cela demeure des actes isolés.
Autrement dit, quand on mettra une vieille, une femme plus grosse ou une personne trans ou non binaire en couverture des magazines sans le souligner à gros trait, on aura peut-être gagné quelque chose. En attendant, on continue d’espérer.
Mais revenons aux vieilles toutes nues. C’est ça qui est fantastique. ELLES sont fantastiques. Parce que Martha Stewart n’est pas la seule à revendiquer son corps et sa sexualité à un âge vénérable. Depuis quelque temps déjà, je «follow» une mannequin française qui est de toutes les campagnes et défilés. Caroline Ida Ours est son nom.
Cette femme magnifique est devenue blogueuse et mannequin dans la soixantaine. Ce n’est pas un ancien mannequin qui continue de travailler. La nuance est importante. Caroline est devenue une égérie et on se l’arrache. Dans son cas, elle n’a aucun problème à montrer de la cellulite, des bourrelets et des rides. Ça fait du bien.
Savez-vous quoi? Je pense que Caroline Ida Ours, une femme plus «naturelle», et Martha Stewart, que l’on dit très «retouchée», peuvent cohabiter en toute harmonie dans l’écosystème de la mode. Leurs apparences sont, à toutes les deux, valides.
Savez-vous une autre chose? J’ai entendu dire que la libido des madames et leur désir ne déménagent pas à Tombouctou passé 60 ans.
Elles s’achètent des dildos, se masturbent, ont envie de faire l’amour et oui, parfois, de se mettre nues et de se prendre en photo. Elles ne sont pas mortes. Elles ne sont pas en train de se momifier non plus et — oh scandale — ça leur arrive de désirer des hommes plus jeunes qu’elles.
Je sais, ça paraît inconcevable. Pourquoi un homme plus jeune aurait envie de coucher ou pire encore, de sortir avec une femme plus vieille? On ne se pose pourtant pas la question quand on croise notre ami de 50 ans, fraîchement divorcé, au bras d’une fille de 30. Ça, c’est juste «normal» aux yeux de tout le monde.
Oui, mais Geneviève, il y a une différence entre une personne de 82 ans et une de 50 ans? Vrai. Mais, je pense, sincèrement que si on avait mis une femme de 50 ans à la une du spécial costumes de bain du Sports Illustrated, on aurait eu presque autant de réactions.
Il faut normaliser le corps des femmes plus vieilles et leur rendre leur sexualité pour ne plus qu’on trouve anormal qu’une femme sorte avec un homme de 20 ans son cadet.
Pour ne plus qu’on trouve ça dégueulasse que le corps d’une femme de 80 ans soit sexualisé sur une image. Je souligne au passage que le corps des femmes n’a pas à être sexualisé en tout temps, ça va de soi.
Mais pourquoi ce n’est pas dégueulasse, un vieux monsieur, pis une vieille madame, oui? Personne ne se déchire la chemise parce qu’Harrison Ford, 80 ans, nous est présenté comme un sex-symbol dans le dernier Indiana Jones.
Méditons un peu là-dessus. Et répétons ensemble mon mantra le plus précieux: crissons patience aux madames. Et gloire à toi, Martha, toute nue ou pas.
Pour me raconter une histoire ou si vous voulez témoigner de quelque chose qui vous tient à cœur, écrivez-moi un courriel: genevieve.pettersen@bellmedia.ca