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On va être honnête : c’est difficile de trouver le moral actuellement.
Pas que le moral est à son plus bas (et il peut l’être totalement avec des nouvelles de guerre tous les jours, des retours en politique qui nous donnent des flash-back de 2012…). Mais il est difficile de se réjouir en général. Mais il y a une petite touche positive ; les festivals de la province annoncent leur grand retour pour 2022.
Voyez-vous, avec le printemps qui arrive et deux ans sans festivités, les festivals s’emballent. Chacun nous propose une programmation décalée, intéressante et originale avec des artistes qui font notre fierté… jusqu’à ce qu’ils décident ce qui doit être mis de l’avant et ce qui ne devrait pas l’être.
Le Festival de la Chanson de Granby est un de nos plus beaux festivals. Un festival majeur qui met de l’avant les artistes prometteurs de la scène locale et francophone. Parallèlement, Samian (de son vrai nom Samuel Tremblay) est un rappeur québécois autochtone qui fait la fierté de la culture d’ici. Il chante en algonquin et en français, se produit partout dans le monde. Son dernier album, Nikamo, est en langue anishinabe. Un bel hommage à sa culture et à ses origines, il se déploie pleinement dans cet album. Il mélange la musique traditionnelle autochtone au rythme cinglant du rap. C’est un fabuleux arrimage de deux mondes musicaux qui se marient parfaitement sous sa plume et sa voix.
Je m’arrête, ceci n’est pas une critique musicale. J’ai fait de mon cheval de bataille la musique francophone au Québec. Je l’adore. Et Dieu seul sait qu’il y a des maisons de disques et des artistes qui changent les codes de la musique francophone en 2022. Mais changer les codes, ça se fait dans d’autres langues par des Québécois. Des Québécois avec des origines autochtones qui veulent ouvrir les portes de leur culture et de se la réapproprier au grand jour. Et c’est normal.
À lire : Samian dénonce le Festival international de la chanson de Granby
Samian qui chante dans sa langue d’origine, ça ne date pas d’hier. Le rappeur s’est donné comme mission d’être le pont qui unit le Québec francophone avec les Autochtones qui sont si souvent ignorés, vilipendés, mis de côté. Que le Festival de la Chanson de Granby lui retire son invitation parce qu’il dit ouvertement qu’il veut chanter des chansons de son dernier album qui ne sont pas en français, mais en anishinabe, une langue autochtone d’ici, c’est mal comprendre le débat de la langue française.
Après des années à n’être qu’une arrière-pensée, et surtout, à se faire dire que leur langue ne peut être parlée, retirer une invitation à un artiste qui vient d’une nation qui fait tout pour préserver sa langue est ironique. On martèle que notre langue française disparaît et se meurt, que les jeunes ne la parlent plus, mais après, au nom de la langue française, on interdit à d’autres de chanter dans leur langue. Préserver la langue française ne se fera pas en aliénant des alliés. Parce que Samian est un allié, il l’a toujours été.
Malheureusement, pour le Festival de la Chanson de Granby, il y a la langue française et le reste, des mauvaises langues qui ne peuvent pas se retrouver sur la scène, et ce, même si ces langues comprennent exactement ce sentiment qui habite la langue française. Elles aussi ont peur de disparaître.