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La montée des mouvements de droite au Canada est un phénomène documenté depuis plusieurs années tout comme un peu partout en Occident. Il s’agit du symptôme d’un mal plus large.
À la suite de l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence par le premier ministre Justin Trudeau, le siège du «convoi pour la liberté» qui a tenu la ville d’Ottawa en haleine au cours des trois dernières semaines est maintenant terminé.
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L’ancienne mouture de cette loi — Loi sur les mesures de guerre — avait été invoquée par Pierre Eliott Trudeau, soit Trudeau père, lors de la Crise d’octobre, en 1970. Un sujet qui demeure d’ailleurs sensible pour plusieurs ayant connu cette crise.
Le «Convoi de la liberté» manifestait contre les mesures sanitaires imposées aux camionneurs désirant franchir la frontière avec les États-Unis. Depuis, nous savons que les organisateurs de cette mobilisation étaient à plusieurs égards, des figures de proue d’une droite bien de chez nous.
Bien que cela peut constituer une surprise pour bon nombre de Canadien.nes, la montée des mouvements de droite au Canada est un phénomène documenté depuis plusieurs années tout comme un peu partout en Occident. Il s’agit du symptôme d’un mal plus large.
Les crises ne se forgent jamais du jour au lendemain, comme par hasard. Elles étendent toujours leurs tentacules sur le long terme et en filigrane, lorsque le monde entier est préoccupé à regarder une autre crise, à éteindre un autre feu. Lorsque le momentum et la conjoncture sont propices, elles profitent d’un contexte social, politique et économique donné pour prendre forme.
Je me questionne d’ailleurs sur l’usage du mot «crise» pour aborder ces enjeux. Ce terme donne une fausse impression de surprise et d’inattendu alors que le plus souvent, de nombreux drapeaux étaient au rouge avant que la «crise» n’éclate.
L’Assault du 6 janvier 2021 au Capitole après la défaite de Trump aux États-Unis en est un exemple. La montée de Zemmour en cette année d’élections présidentielles en France en est un autre. Je pense à l’attentat terroriste à la mosquée de Québec et à celui de London, en Ontario. Et puis, sans avoir une expertise poussée en la matière, la guerre déclarée de la Russie envers l’Ukraine est la résultante de tensions sur plusieurs années, voire décennies.
D’ailleurs, un récent rapport de The Economist Intelligence Unit (EIU) portant sur l’année 2021 démontre que la démocratie recule partout à travers le monde. La pandémie a certes fragilisé des avancées, mais cela ne peut être la seule explication pour expliquer cet état de fait.
Voilà une autre preuve que nos libertés ne peuvent être tenues pour acquises. De plus, on ne peut considérer que ces enjeux seraient des problèmes d’autrui, des réalités «importées» dont nous serions soi-disant à l’abri.
Le plus souvent, cette actualité négative à l’échelle internationale procure un sentiment d’impuissance au commun des mortels. Même le fait de prendre soin de soi — un mal nécessaire pour garder l’équilibre — peut provoquer une certaine culpabilité aux individus à la conscience sociale et politique développée.
Je n’ai pas la prétention d’avoir toutes les réponses à ces enjeux diplomatiques d’une complexité infinie. Je ressens moi aussi cette impuissance et incompréhension lorsque des êtres humains décident de s’entredéchirer. Sortir les mouvements de droite de leur trajectoire et de leur axe apparaît être une mission impossible.
Je me dis que le plus souvent, pour bien des problèmes qui affligent notre monde, tout part de l’éducation, dès le plus jeune âge. Faire la promotion d’un véritable esprit critique chez les jeunes et les enfants. Valoriser celles et ceux qui posent des questions, qui font preuve de curiosité — plutôt que d’aversion — envers ce qu’ils ne comprennent pas. Apprendre à tolérer l’inconfort productif du fait de ne pas avoir réponse à tout. Rêver d’une véritable culture d’ouverture et d’empathie pour son prochain. Ça semble toutefois si idéaliste — et simple — qu’on ne le fait pas, même si la race humaine court à sa perte.