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Le ministre de la Santé, Christian Dubé a annoncé jeudi en point de presse à l’Assemblée nationale qu’il renonçait à élargir l’aide médicale à mourir (AMM) aux personnes souffrant d’un handicap neuromoteur grave, comme la quadriplégie.
M. Dubé apporte ce changement au projet de loi sur l’élargissement de l’AMM afin de répondre notamment aux critiques, dont celles de l’opposition, qui insistait sur le fait que jamais la question des handicaps n’avait été débattue au Québec.
En entrevue jeudi avec Étienne Fortin-Gauthier au bulletin Noovo Le Fil 22, le Dr Alain Vadeboncoeur, urgentologue, confirme qu’il n’y avait pas eu de discussions préalables concernant la question des handicaps neuromoteurs dans le projet de loi 38.
«J’ai été étonné de voir qu’il n’y a pas eu de discussions à ce sujet dans la Commission qui devait se pencher sur l’évolution de la loi. C’est un sujet sensible. C’est trop court deux semaines pour approfondir le sujet, c’est comme ça que je le comprends», affirme le Dr Vadeboncoeur.
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Un débat de fond devra avoir lieu toutefois selon le Dr Alain Vadeboncoeur puisque «ça correspond à un besoin».
«On parle par exemple d’une personne quadriplégique qui a des douleurs impossibles à soulager. C’est permis dans le cadre fédéral et il y a des demandes», souligne le Dr Vadeboncoeur.
«En plus, personnellement, je ne vois pas tellement de différence entre le fait d’être dans cet état à cause d’un accident ou d’une maladie évolutive et pourtant c’est traité très différemment dans la loi actuellement. Il y a place à un débat certainement», ajoute le Dr Alain Vadeboncoeur.
Concernant les demandes anticipées pour l’aide médicale à mourir, le Dr Vadeboncoeur croit qu’il faut attendre un peu avant de voir si cette mesure sera facile d’application.
«De faire la demande, c’est assez simple, le cadre est assez clair. Le problème c’est que la décision sera appliquée dans 10 ou 15 ans, probablement par d’autres soignants. Et pendant ces années, la personne peut revenir sur sa décision. Est-ce qu’on annule tout ce qui s’est décidé il y a 15 ans ? Plusieurs personnes du milieu de la santé pensent que c’est l’application des règles au moment de passer à l’acte qui sera difficile et non pas de faire la demande en tant que telle», exprime le Dr Luc Vadeboncoeur.
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Un autre changement important qui sera apporté par le projet de loi 38, c’est le fait que les maisons de soins palliatifs ne pourront plus refuser d’offrir l’aide médicale à mourir à leurs patients.
«Il y a encore environ six maisons de soins palliatifs au Québec qui refusaient l’AMM. Ce n’est pas logique, les patients devaient être transférés à l’hôpital pour recevoir l’AMM», souligne le Dr Alain Vadeboncoeur.
Le fait d’ouvrir la pratique de l’aide médicale à mourir aux infirmières praticiennes, comme c’est le cas ailleurs au Canada, est aussi un changement important aux yeux du Dr Vadeboncoeur.
Il estime tout de même que d’autres débats sur l’aide médicale à mourir seront nécessaires.
Le projet de loi 38 vise dans l’ensemble à permettre aux personnes atteintes d’Alzheimer, par exemple, de faire une demande anticipée pour l’AMM, ce qui fait l’objet d’un consensus au Québec.
Pour l’heure, il faut être apte à consentir au moment d’obtenir l’AMM, sauf exception.