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C’est déjà difficile de se trouver un emploi au Québec en tant que nouvel arrivant, d’autant plus que le nombre de travailleurs étrangers temporaires et permanents est allé en grandissant dans les dernières années… Pour certains, le défi est double.
L’autre obstacle: le racisme.
Originaire du Sénégal, Lamine Diouf en a été victime quand il a publié sur les réseaux sociaux pour tenter de trouver un emploi à Trois-Rivières. La majorité des commentaires reçus étaient très négatifs.
Sa réaction calme peut laisser pantois. «Oui, j'ai vu certains commentaires un peu choquants», a-t-il réagi en entrevue avec Noovo Info. «C'est normal […] quand on évolue dans un milieu où, vraiment, notre identité ou notre nature n'est pas aussi nombreuse.»
Reste que M. Diouf exprime une certaine surprise. «J'entendais que le Québec est un pays vraiment accueillant, un pays, vraiment, qui aime les immigrés», dit celui qui est venu au Québec pour ses études. Il s’y trouve depuis maintenant trois mois.
Le nouvel arrivant affiche ce calme désarmant même si, dans les prochaines semaines, il pourrait se voir forcé de rentrer au Sénégal, dans le cas où sa situation ne changerait pas.
«Je suis informaticien à la base», dit-il; il pense que c’est dû «à l’augmentation du taux d’immigrants ici à Trois-Rivières».
«Avant de venir, je croyais que ça n’allait pas être trop difficile mais, malheureusement, quand je suis venu, j'ai tenté différentes [avenues], mais je vois que ce n’est pas évident.»
Pourquoi ça ne fonctionne pas pour M. Diouf? Les facteurs pourraient être nombreux. «Est-ce que la personne connaît bien le marché au Québec?» se demande Natasha Normand, directrice générale de Stratégie carrière. «Est-ce que la personne a les outils nécessaires pour bien faire la promotion de sa candidature? Est-ce qu'elle a un bon réseau? Est-ce qu’elle a travaillé son réseau?»
Mais il y aussi la question du potentiel de biais raciste. «C’est certain que les employeurs ont des biais», avance Mme Normand. «Est-ce qu'ils s'en rendent compte? Pas toujours, parce que mettons, en Mauricie, il n’y a pas autant de personnes qu'à Montréal, donc l'expérience est moins grande.»
Des cas comme celui de M. Diouf, il pourrait y en avoir d’autres. «On a eu vraiment une augmentation du nombre de demandes, le printemps dernier et au début de l'été – une hausse, une croissance vraiment très importante», note Diane Cossette, directrice du Centre de recherche d’emploi Mauricie. «Et il y a deux types de personnes issues de l'immigration qui n'ont pas accès à ces services publics d'emploi gratuits offerts par les organismes: les étudiants internationaux et aussi les demandeurs d'asile.»
Après avoir augmenté les seuils d'immigrants permanents au Québec, le gouvernement Legault veut maintenant en limiter le nombre en 2025. C'est ce qui a été annoncé jeudi par le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge.
«Si on n'avait pas pris cette décision courageuse, on aurait pu frôler le 70 000 immigrants permanents», a dit M. Roberge. «C'est beaucoup trop pour notre capacité d'accueil. […] «Les gens qui dénoncent ces décisions-là sont des gens qui voudraient qu'il y ait 70 000 permanents l'an prochain.»
Il y a quelques semaines, le ministre Roberge a également déposé un projet de loi pour réduire le nombre d'étudiants étrangers. Il ne s'avance toutefois pas encore sur une cible à Trois-Rivières.