Justice

Une victime alléguée de violence sexuelle de 101 ans témoigne à Sherbrooke

Roger Bergeron aurait subi une agression de l’abbé Joseph-Xyste Desautels, dans les années 1930.

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Une victime alléguée de violence sexuelle de 101 ans témoigne à Sherbrooke Une victime alléguée de violence sexuelle de 101 ans témoigne à Sherbrooke

À 101 ans — 89 ans plus tard —, une victime alléguée de violence sexuelle a raconté son histoire au palais de justice de Sherbrooke, mercredi, dans le cadre d’une action collective opposant l’Archidiocèse de Sherbrooke et plus d’une centaine d’autres victimes alléguées.

Avertissement: cet article et la vidéo qui l'accompagne contiennent des éléments d'information sensible qui pourraient ne pas convenir à tous les auditoires.

Lors d’un voyage à Québec, Roger Bergeron, alors âgé de 11 ou 12 ans, aurait subi une agression de l’abbé Joseph-Xyste Desautels, dans les années 1930.

Ensemble, ils ont voyagé  dans la voiture du prêtre de Saint-Georges-de-Windsor au Vieux-Québec. Durant la route, le prêtre aurait commencé à lui toucher la cuisse.

À l’hôtel du Château Frontenac, l’abbé Desautels aurait forcé M. Bergeron à lui toucher les parties génitales. Il se serait ensuite masturbé, alors que les deux étaient allongés dans le même lit.

«Il était plus fort que moi», a lancé M. Bergeron au juge Sylvain Provencher.

Noovo Info L’Archidiocèse de Sherbrooke. (Noovo Info)

Le lendemain, sur la route du retour, les deux n’auraient échangé aucun mot.

M. Bergeron a également raconté que deux de ses frères, aujourd’hui décédés, auraient eux aussi subi des gestes de violence sexuelle de l’abbé Desautels. À cette époque, la famille Bergeron était croyante. Il participait à la chorale tous les dimanches. Mais depuis l’agression alléguée, M. Bergeron indique avoir perdu sa foi.

Témoignage à visage découvert

Il a brisé le silence après des décennies et a choisi de le faire à visage découvert. Une ordonnance de confidentialité s’appliquait à son identité et s’applique toujours à celle des autres personnes qui seront entendues dans cette affaire. Toutefois, M. Bergeron souhaitait rendre son nom public «pour que justice soit faite».

«Maintenant, il est décédé, mais j’aurais aimé qu’il soit vivant parce qu’il mériterait d’être puni sévèrement», a soutenu M. Bergeron, à la sortie de la salle d'audience.

Près de 90 ans plus tard, il indique qu’il est toujours impossible d’oublier.

«Ça correspond avec ce que d’autres victimes vivent. Elles n’ont plus peur, et la peur change de camps», a lancé l’avocat des victimes alléguées dans le cadre de cette action collective, Me Justin Wee.

Noovo Info Me Justin Wee au palais de justice de Sherbrooke, mercredi 22 janvier 2025. (Noovo Info)

En effet, plus d’une centaine de personnes participent à cette action collective, et d’autres pourraient s’ajouter. C’est généralement le cas lorsque l’affaire est médiatisée, ajoute l'avocat.

Près de 50 membres de l’Archidiocèse auraient commis ces actes de violence sexuelle. La majorité des actes rapportés auraient eu lieu dans les années 1930, 1940 et 1950. M. Wee est toujours à la recherche d’archives du Diocèse qui permettrait d’appuyer les témoignages de ses clients.

Les victimes alléguées demandent un dédommagement, mais il est trop tôt à cette étape-ci des procédures pour savoir à combien pourrait s’élever le montant recherché.

Le témoignage de M. Bergeron a été entendu avant l’ouverture du procès en raison de son âge avancé et de l’âge avancé de plusieurs agresseurs allégués. Le procès devrait débuter en 2026.

Rappelons que les victimes alléguées qui s’inscrivent à l’action collective n’ont pas à témoigner lors du procès, mais pourrait tout de même aider la poursuite à ajouter de la preuve au dossier. De plus, il est possible de participer au recours, même si l’agresseur présumé est décédé.

Besoin d'aide ? Contactez Info-aide violence sexuelle (gratuit, anonyme, 24/7) au 1-888-933-9007 ou via leur site Internet.