Les opposants au projet de la voie de contournement à Lac-Mégantic demandent encore une fois un référendum sur le projet, alors que le dossier continue de faire du chemin à Ottawa.
Récemment, le ministre fédéral des Transports, Steven MacKinnon, a annoncé que le projet est passé à la phase d’évaluation et est sous les mains de l’Office des transports du Canada (OTC). L’OTC a donc reçu la demande officielle de l’opérateur ferroviaire incluant les études environnementales, les rapports de consultation et un plan de surveillance des puits.
Les opposants au projet s’inquiètent des travaux de dynamitage, de la destruction des milieux humides et agricoles et des impacts sur l’accès à l’eau potable.
«La population est vraiment contre ce projet-là. Ils disent toujours non, mais par contre, ils ne veulent pas faire de référendum parce qu’ils ont peur du résultat», lance la co-porte-parole de la Coalition des victimes collatérales, Yolande Boulanger.
La mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morin, vient tout juste de remporter un troisième mandat. Elle a été élue par acclamation. Mme Morin avance que la «majorité silencieuse» supporte le projet.
«De toute façon, le projet avance et on a passé des étapes importantes. On ne peut plus reculer et on n’a pas l’intention de le faire», a-t-elle lancé.
La voie de contournement touche également les municipalités de Nantes et de Frontenac. À Frontenac, un référendum a révélé en 2923 que 92% de la population était contre le projet.
À Nantes, dans l’absence de communication avec le gouvernement fédéral, le conseil s’est retiré du dossier en novembre 2024.
Les Nantois devront payer doublement la voie de contournement, estime le maire, Daniel Gendron. Ils paieront le projet par la taxe puis devront payer la hausse des taxes qui suivra les expropriations nécessaires au nouveau tracé ferroviaire.
«Transports Canada, ils s’en foutent. Ils ne veulent rien savoir», exprime M. Gendron.
Depuis la tragédie, des travaux de sécurisation ont eu lieu sur la voie. Par exemple, les trains sont limités à 10 km/h lorsqu’ils traversent Lac-Mégantic. M. Gendron estime que cette voie est désormais suffisamment sécuritaire et «fait très bien la job depuis 125 ans».
M. Morin ne partage pas cet avis. Le projet de la voie de contournement a été demandé pour deux raisons, explique-t-elle. La municipalité se trouve au bas de la deuxième plus importante dénivelée ferroviaire au pays après les Rocheuses canadiennes. La voie se termine également par une courbe, alors que 80% de la population habite à proximité.
«Et, il y a tous les impacts psychosociaux qui découlent de cette tragédie-là qu’on a vécue en 2013», soutient la mairesse.Mme Boulanger a perdu son petit-fils dans l’accident et dit comprendre le deuil des familles. Toutefois, «on ne répare pas une erreur par une autre erreur», ajoute-t-elle.
À voir dans le reportage d'Alex Sauro.
