Début du contenu principal.
Les élus municipaux de Sherbrooke ont approuvé mardi le plan architectural et d’implantation de ce nouveau bâtiment. L’Autre-Toit confirme que c’est bel et bien son projet qui pourrait voir le jour sur ce site. Au moment de l’entrevue, jeudi matin, plus de 80 personnes étaient sur la liste d’attente et espèrent intégrer l’un des logements de l’organisme.
«C’est un projet qui s’adresse à des gens qui ont eu dans le passé une situation d’itinérance et qui nous sont recommandés sur notre liste d’attente par un de nos partenaires en itinérance, explique la directrice de l’organisme, Sandy Tremblay. Les gens, une fois qu’ils se sont stabilisés après une période d’itinérance, viennent accéder chez nous à des logements permanents subventionnés», a-t-elle poursuivi.
Voyez le reportage de Guillaume Cotnoir-Lacroix dans la vidéo ci-contre
Julie Doyle a vécu un épisode d’itinérance de huit ans. «J’ai fonctionné dans le marché du travail, je suis allé à l’université, j’étais programmeuse, j’avais une bonne job. Dans ma trentaine, la consommation et la santé mentale ont embarqué et ça a fait en sorte que je me suis retrouvée dans la rue», a-t-elle raconté. Elle bénéficie aujourd’hui des services de l’Autre-Toit, en habitant dans l’un des quatre bâtiments déjà existants. Elle souhaite que le projet de nouvelle installation puisse se réaliser rapidement.
Mme Doyle avait d’abord été suivie pendant un an par la Cordée, une ressource alternative en santé mentale. «C’est un travailleur de rue qui m’a mise sur la liste d’attente de l’Autre-Toit. Le timing a été parfait, car je pouvais rester seulement un an à la Cordée. Tu as juste le temps de te relever. Je suis tombée tout de suite avec l’Autre-Toit. Mon cheminement vers le rétablissement a commencé là», a-t-elle analysé.
Des cas de réussite comme celui de Julie Doyle, la directrice de l’organisme Sandy Tremblay en veut plus. Sauf qu’elle manque cruellement d’espace.
«On a environ 60 hommes et environ 20 ou 25 femmes sur la liste, donc 16 logements, ça aide, mais ça ne répond pas à toute la demande», a insisté Mme Tremblay.
Tous les locataires des logements de l’Autre-Toit ont un point commun, ils doivent avoir vécu un épisode d’itinérance. Les histoires de vie pour chacun d’eux sont toutefois bien différentes. Pour être admissibles à ces logements subventionnés, ils doivent montrer une volonté de sortir de la rue et être prêts à débourser un montant pour payer le loyer.
«Souvent, quand on est rendu dans la rue, on est plus méfiant avec les services, on s’est fait avoir à plusieurs reprises, on est moins confiant. La coopérative, ça créer un milieu de vie sécurisant. On fait des activités, on retravaille les habiletés de communications pour le bon voisinage, la salubrité du logement, les enjeux de paiements, etc. Ils sont soutenus financièrement aussi pour être là, ils paient quand même 25% de leurs revenus pour se loger, mais ils sont subventionnés», a expliqué Sandy Tremblay.
Gabriel Pallotta, coordonnateur de la Table itinérance de Sherbrooke, rappelle que la situation de l’itinérance à Sherbrooke progresse rapidement, comme ailleurs au Québec. Les 80 personnes sur la liste d’attente de l’Autre-Toit constituent un bon indice.
«C’est assez diversifié. C’est sûr qu’il y a présentement des personnes sans logement qui sont suivies dans différents services sur le territoire. Il y en d’autres qui sont dans d’autres logements, mais qu’au niveau de leur situation, ce n’est pas faisable avec le budget […] L’état même du logement est définitivement problématique dans bien des cas», a-t-il noté.
Le projet de nouveaux logements de l’Autre-Toit est donc accueilli favorablement par la Table d’itinérance de Sherbrooke. «C’est des personnes qui, une fois qu’ils auront ce logement-là, on suppose que leur situation va pouvoir se stabiliser à long terme», a pensé M. Pallotta.
Bien que le plan architectural du bâtiment ait été approuvé, Sandy Tremblay et son équipe sont encore loin de la coupe aux lèvres. La Ville de Sherbrooke et le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) soutiennent le projet, mais l’Autre-Toit s’est vu récemment refuser une demande de subvention pour la construction du bâtiment par le gouvernement fédéral.
«Ce qu’on nous a expliqué, c’est qu’on a priorisé les projets qui dataient de plus longtemps, soutient la directrice. C’est sûr que je ne peux pas vous annoncer que les sept étages vont être construits dans un an, à moins qu’on ait une bonne nouvelle!» a expliqué la directrice.
Le manque à gagner serait d’environ quatre à cinq millions de dollars selon Sandy Tremblay.
«C’est sûr que la prochaine étape, c’est d’attacher le restant du financement pour être certain que le projet se réalise le plus rapidement possible, parce qu’il y a réellement un problème et un besoin à Sherbrooke», a conclu Mme Tremblay, qui compte bien cogner de nouveau à la porte du fédéral rapidement.
Pour plus de détails, voyez le reportage de Guillaume Cotnoir-Lacroix.
Pour les plus récentes nouvelles touchant l'Estrie, consultez le Noovo.Info.