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«Six mois après la prise de pouvoir des talibans, l’Afghanistan ne tient qu’à un fil», a récemment affirmé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Une constatation qui en dit long sur le climat qui règne dans le pays.
Notre collègue Louis-Philippe Bourdeau a parlé à des interprètes qui ont travaillé auprès des Forces armées canadiennes, et qui attendent toujours d'être évacués. Une attente longue et terrifiante, puisqu’ils craignent les représailles des talibans.
«Je suis dans un endroit sécurisé depuis six mois, dira l’un d’eux, sous le couvert de l’anonymat. Je ne peux pas aller à ma propre maison. Les ennemis disent que je suis infidèle. Ils disent que je suis un espion pour les forces de la coalition.»
«Les talibans sont venus chez moi et ils ont détruit ma maison. Je travaillais avec les militaires, avec l’Armée canadienne. Si je suis enlevé par les talibans, je ne crois pas que j’en sortirai vivant», craint un autre interprète.
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Les personnes qui restent en Afghanistan sont bel et bien en danger, martèle Brian MacDonald, vétéran et directeur général de Aman Lara, un organisme qui vient en aide à ceux qui veulent fuir le pays. «Nous sommes sur le point de déménager environ 200 personnes par mois. Plus de 90 % de notre liste sont des Afghans qui ont aidé notre effort en Afghanistan.»
Selon lui, le Canada, qui souhaite ouvrir les bras à 40 000 Afghans d’ici deux ans, doit impérativement améliorer son programme d’accueil. Brian MacDonald estime que 5000 personnes sont sans nouvelles du gouvernement canadien encore aujourd’hui.
Mais même une fois le processus enclenché, les contraintes demeurent nombreuses. Il faut trouver des passeports, des visas pour entrer dans un pays tiers, notamment. Et les communications avec les autorités canadiennes ne seraient pas toujours faciles.
«Je crois que le Canada nous a abandonné, de dire l’un des interprètes. Nous menons deux batailles sur le terrain. La première contre les talibans et la deuxième contre Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
D’être encore pris en Afghanistan est frustrant pour eux. «Chaque seconde, chaque moment qui passe veut dire qu’on a manqué une chance de partir.»
Depuis six mois, 7550 Afghans sont arrivés au Canada, soit bien loin de l’objectif de 40 000. Et le temps presse, selon Brad MacDonald, parce que «les talibans peuvent fermer les frontières demain matin.»
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada se défend de ralentir l’accueil des Afghans. « S'il s’agissait d’une question de volonté, 40 000 régugiés afghans seraient déjà au Canada.[…] Il y a des obstacles auxquels nous sommes confrontés en Afghanistan qui n’étaient pas présents dans d’autres efforts de réinstallation à grande échelle.»