Début du contenu principal.
La pénurie d’éducatrices force certaines installations à inciter les parents à garder leurs enfants à la maison.
Pour certaines directrices, le salaire est encore trop peu attirant pour le travail qui est effectué.
«Il nous manque deux éducatrices à temps plein. Un poste en accompagnement et un poste dans les 18 mois, explique Josée Davignon, directrice générale du CPE L'Ensoleillé. Comment ça se passe? Eh bien on envoie des courriels aux parents et on leur demande de garder les enfants le plus possible à la maison pour être capables de ne pas avoir de fermetures de groupes. Si ça ne rentre pas dans l'ordre prochainement, on n'aura peut-être pas le choix», poursuit-elle.
Au CPE Carrosse-Citrouille, la directrice adjointe, Véronique Ayotte, peine à planifier ses horaires plus d'une semaine à l'avance. «Je me mets sur le plancher, en tant que directrice, pour pouvoir offrir le service. J'ai dû faire des bris de services, mais très peu comparativement à d'autres CPE. Je me considère chanceuse», lance-t-elle, alors que les jeunes enfants jouent avec les éducatrices.
La même situation se produit également au CPE dirigé par Josée Davignon, qui doit elle aussi mettre les mains à la pâte sur le plancher. «C'est correct là, on met nos choses de côté, on a choisi l'enfance, on est contents, mais je vous dirais qu'on a toujours le souci sécurité. Est-ce qu'on respecte les ratios? Donc ça met un poids sur l'ensemble de l'équipe», analyse la directrice.
Bien que les conditions salariales des éducatrices se soient améliorées lors de la signature de leur dernière convention collective, les deux directrices estiment que le métier n'est toujours pas suffisamment valorisé et que les échelles salariales ne sont pas attirantes.
«Le personnel travaille sans arrêt à s'occuper de groupes d'enfants qui demandent beaucoup et le salaire n'est pas assez élevé, comparativement à d'autres salaires qu'on voit. Juste le salaire minimum a monté énormément», illustre Véronique Ayotte.
Les deux directrices de CPE voient l'espoir grandir tranquillement, alors que les inscriptions au programme Techniques d'éducation à l'enfance, au cégep de Sherbrooke, ont bondi pour une deuxième année consécutive.
Elles sont passées de 46 en 2021 à 59 en 2022 et finalement à 105 en vue de la session d'automne 2023.
«Ça doit faire certainement près d'une dizaine d'années que l'on a pas eu ce nombre d'étudiants là en première année», se réjouit Annie Bisson, qui enseigne dans le programme depuis de nombreuses années.
Les gestionnaires du programme, selon ses dires, ont mis beaucoup d'énergie sur la promotion dans les différents milieux scolaires, mais aussi dans le recrutement à l'international. Ce sont 35 étudiants internationaux qui se sont inscrits dans le programme en vue de l'automne.
«C'est encourageant, car on espère qu'ils aient le plaisir de vouloir devenir éducatrice. Est-ce qu'ils vont poursuivre leurs études à l'université? Est-ce qu'ils vont vraiment rester avec nous en techniques d'éducation à l'enfance? Est-ce qu'ils vont rester à Sherbrooke? C'est toutes ces questions-là qu'on se pose», conclut Mme Ayotte.