Marie (nom fictif), maman de deux enfants, a été victime de violence conjugale. Son ex-conjoint lui a fait vivre un véritable enfer au moment de leur séparation.
Depuis qu’il a été incarcéré, elle travaille à se reconstruire, mais elle appréhende la sortie de prison de son agresseur, qui arrive aux deux tiers de sa peine.
«C'est beaucoup de stress, beaucoup de retours en arrière et d'émotions», dit-elle en entrevue avec Noovo Info.
Trois jours d’enfer
Les trois mois suivant sa séparation ont été qualifiés «d’intenses» par la mère de famille, mais le point de rupture a été lorsqu’il est rentré chez elle et l’a agressé… pendant trois jours.
Elle raconte qu’il était en train de mettre une échelle à la fenêtre de ses enfants lorsqu’elle a ouvert la porte pour voir ce qui se passait à l’extérieur. Elle n’a jamais eu le temps de refermer qu’il était à l’intérieur et la prenait par la gorge.
«J'ai crié. Il m'a dit "Tu vas faire ce que je te dis parce que sinon les enfants vont payer"», dit-elle.
Elle a donc suivi ses ordres, par peur qu’il ne s’en prenne à ses enfants.
«Ç’a été trois jours d'agressions sexuelles.»
«Dès que j'étais sûre que les enfants étaient en sécurité, j'ai appelé la police, ils nous ont sortis de là et ils nous ont emmenés en maison d'hébergement», a-t-elle raconté.
Étant donné la gravité des gestes, l’ex-conjoint de Marie a été inscrit au registre des délinquants sexuels.
Menaces
Lorsque Marie s’est séparée, son ex-conjoint a commencé à l’a menacée, elle et leurs enfants.
«Je recevais des menaces de mort aux deux semaines, des menaces d’enlèvements, des menaces de tout, il n’y a rien qu’il n’a pas pensé», mentionne-t-elle.
N’en pouvant plus, elle décide de bloquer son numéro de téléphone. Le lendemain, il kidnappait leur garçon.
«Il a fini par me le ramener après qu’un policier l'a appelé et le suivait. Il m'a dit : "Tu es assez intelligente pour comprendre ce qui vient de se passer. Réfléchis parce que la prochaine fois, ça va être pire"», dit-elle.

Quelques jours plus tard, il l'a séquestrée à nouveau.
Il sera arrêté trois fois avant d'être condamné et incarcéré.
La liste des accusations dont il a été reconnu coupable est longue: harcèlement, divulgation d'images intimes sans consentement, introduction par infraction, séquestration, agressions sexuelles armées en plus de nombreux bris de conditions.
«Pas de corps, pas de preuve», lui disait-il régulièrement.
Survivre
Aujourd’hui, Marie se considère comme une survivante, mais ce qu’elle espère maintenant, c’est de continuer de survivre.
Dans le document en cour, on peut lire que même après son incarcération au pénitencier, il a continué de communiquer avec elle jusqu'à ce que les autorités interviennent.
«Que je le veuille ou pas aujourd'hui, il veut encore m’avoir», lance-t-elle.
«Je suis très entourée, mes enfants sont entourés», souligne Marie, en ajoutant que les impacts sur ses enfants ont été majeurs depuis l’incarcération de leur père.
«Ma fille faisait des terreurs nocturnes incroyables, elle ne voulait même plus avoir de câlin. Elle m’a dit qu’elle savait maintenant que n'importe qui peut devenir un monstre n'importe quand», indique-t-elle.
«Mon fils a eu des régressions incroyables. Ce n'est plus le même petit gars.»
Dans son rapport, la DPJ juge qu'il y a un risque sérieux d'un passage à l'acte suicidaire ainsi qu’homicidaire de la part du père, entraînant ses enfants et la mère avec lui.
Étant donné le risque imminent de féminicide, la cellule d'intervention rapide de sa région a été déclenchée. Policiers, DPJ, ressources pour femmes et organismes pour hommes auteurs de violences se sont mobilisés.
En plus de l'inquiétude liée à la libération de son ex-conjoint, Marie vit un grand stress financier étant donné qu'elle n'a plus le droit à l'indemnisation pour les victimes d'actes criminels (IVAC), en raison de la réforme qui limite l'aide à seulement trois ans.
Elle croise les doigts pour que le père de ses enfants porte un bracelet antirapprochement à sa sortie de prison, mais elle ne saura qu'au moment de sa libération.
Notons que depuis le début de l’année, dix femmes ont été assassinées dont six dans un contexte de violence conjugale.
À voir dans la vidéo.
Si vous êtes victimes de violences conjugales, vous pouvez contacter SOS violence conjugale au 1-800-363-9010. L'aide fournie est bilingue, gratuite, anonyme et confidentielle par téléphone, texto, clavardage et courriel au sos@sosviolenceconjugale.ca

