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C’est que le programme de la CNESST n’a pas été réformé comme celui de la SAAQ, par exemple qui l’a été pour les personnes invalides au travail à vie en 2022. Ils sont donc des centaines d’aînés dans cette situation actuellement au Québec à voir leurs prestations réduites à compter de 65 ans et inexistantes à 68 ans.
Pour sa part, quand les prestations cesseront, M. Perreault recevra donc uniquement sa pension de vieillesse et sa rente de retraite pour un revenu mensuel de 1200$, alors qu’il avait droit à 3000$ à l’âge de 64 ans. «On a été obligés de vendre la maison à cause de ça», explique-t-il.
Il vit maintenant dans un appartement qui lui coûte 1600$ de loyer par mois. Il lui reste donc maintenant peu d’argent pour vivre et il craint de se retrouver à la rue dans 10 ans, une fois ses économies écoulées.
Lucie Jacob appréhende la même chose que M. Perreault et martèle que c’est injuste. «Ce n’est pas normal que des personnes âgées victimes vivent ça, ce n’est pas nous qui sommes responsables, ce sont les employeurs», s’insurge-t-elle.
Elle a perdu ses capacités à travailler après un horrible accident. Elle raconte que son employeur de l’époque l’avait, contre son gré, fait monter dans une cage métallique sur un charriot élévateur, sans l’attacher. La cage dans laquelle elle était enfermée a fait une chute de 20 pieds, elle s’est retrouvée dans le coma et a subi un important traumatisme. «On parle de la hausse de l’itinérance chez les personnes âgées au Québec, bien on est rendus là, on fait partie des statistiques.»
La femme a fait la grève de la faim devant le bureau de circonscription du ministre du Travail Jean Boulet il y a plusieurs mois et ne comprend pas que ça n’ait pas bougé depuis. De plus le député caquiste Louis Lemieux a déposé une pétition de 558 noms à l’Assemblée nationale l’an dernier, mais c’est maintenant silence radio, expliquent les deux accidentés.
L’avocat Marc Bellemare pense que le gouvernement n’apporte pas de changement parce que ce sont les employeurs qui cotisent au régime. «D’après moi, c’est ce qui explique que le gouvernement Legault ne bouge pas, il est le mercenaire des employeurs du Québec», lance-t-il. Pour lui, il est contradictoire d’avoir réformé le régime pour les accidentés de la route et pas pour les accidentés du travail.
«C’est complètement ridicule d’arrêter de payer les invalides à 68 ans. Ça va coûter plus cher aux employeurs, mais les accidentés n’ont pas choisi d’être sur la CNESST.»
Dans une déclaration écrite, le cabinet du ministre Jean Boulet assure au contraire qu’il compte s’en occuper.
«L’amélioration du régime d’indemnisation des accidents du travail et des maladies professionnelles demeure une priorité pour le ministre. À cet effet, il poursuit activement son analyse afin d’optimiser ce régime», fait-on savoir.
Pour la porte-parole du Parti libéral en matière de travail, Madwa-Nika Cadet, la réforme est nécessaire et la solution est simple. Sans toucher aux cotisations des employeurs, il y aurait une façon selon elle d’ajuster le Régime des rentes de retraite pour qu’il suive le coût de la vie.
Elle précise que le montant des rentes est basé sur le salaire au moment où l’accident survient. Pour quelqu’un qui se blesse à vie, les revenus d’il y a 30 ans sont inadéquats, dit-elle. «Sur 20, 30, 35 ans, c’est impossible que le salaire d’une personne n’aurait pas varié, il y a des moyens sur le plan actuariel de le calculer et d’arriver avec quelque chose qui soit plausible», explique-t-elle.
Le Conseil de patronat du Québec a refusé de nous accorder une entrevue.