Il y avait beaucoup d'émotion au palais de justice de Chicoutimi, vendredi matin, alors qu'Éric Latour était de retour en cour. Il a finalement plaidé coupable par visioconférence aux accusations d'homicide involontaire dans le dossier d’Ève Chachai, qui est décédée en août 2024.
Les deux parties ont fait une suggestion commune au tribunal: Latour écopera d'une peine d'emprisonnement de cinq ans moins les 19 mois de détention déjà comptabilisés.
«Cette peine m’apparaît tout à fait appropriée dans les circonstances», a commenté son avocat, Me Francis Boucher, après la décision.
Une peine appropriée, peut-être, mais le processus n’a pas été moins pénible pour autant pour la famille et les proches d’Ève Chachai, qui ont vu les derniers moments de cette dernière en vidéo.
«Je n’avais jamais pensé perdre ma mère comme ça», a déclaré sa fille devant le tribunal. Sa sœur, elle, ne réalise pas encore les événements. «Depuis le 12 août dernier, c’est comme si je feuilletais un livre qui n’était pas la réalité», a-t-elle dit.
Les pleurs entendus dans la salle de cour ont laissé transparaître une déception quant à la sentence.
«Le message que les gens doivent retenir, c'est celui qui est donné par la peine, c'est que la violence n'est pas tolérée, point», croit pourtant Me Boucher. «Il n'y avait aucune forme de racisme ou de particularisation du dossier», a-t-il ajouté.
Ève Chachai, une femme atikamekw, a été retrouvée inconsciente à l'hôtel Le Montagnais à l’été dernier.
Éric Latour, qui était son conjoint depuis huit ans, avait par la suite été accusé d'avoir provoqué sa mort involontairement. Au tribunal, la preuve a été démontrée par les vidéos de caméras de surveillance présentes dans le bar du Montagnais. Les deux individus en état d'ébriété se seraient battus et le dernier coup porté à Mme Chachai aurait été fatal.
Elle s'est effondrée sur le sol et est décédée d'un traumatisme crânien quelques heures plus tard, la preuve sur vidéo.
Bien qu’Éric Latour avait plusieurs antécédents judiciaires, la juge au dossier aura pris en compte plusieurs facteurs atténuants, notamment son aveu de culpabilité, ses remords, l’absence de préméditation et la détention difficile qu'il aurait vécue ces derniers mois.
«Il apparaît clair, dès le départ du dossier, que Monsieur ne souhaitait pas les conséquences qui ont découlé du geste non plus», dit Me Boucher. «Donc, lui aussi vit avec le deuil dans son entièreté.»
En plus d’une sentence de cinq ans d'emprisonnement, la juge au dossier a exigé une interdiction de communiquer avec la famille de la victime.

