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Le projet est situé à l’intersection des rues du Sergent-Arthur-Boucher et Hamel.
«Ce qu’on trouve désolant, là-dedans, c’est qu’on n’a pas pu se battre jusqu’au bout. On l’a un petit peu au travers de la gorge», a lancé d’emblée la citoyenne Guylaine Morin, voisine du projet.
Un bâtiment de 20 logements à deux étages pourra en effet être érigé devant chez elle, en diagonale avec sa maison, en vertu de la décision prise par les élus.
«En fait, ce n’est pas le projet en soi, c’est l’endroit où on l’installe, le projet», a soutenu celle qui a assisté à la séance du conseil municipal lundi. «On est dans un quartier de maisons unifamiliales et on vient implanter un projet de 20 logements dans un quartier unifamilial. Ça n’a pas sa place, à notre avis.»
«Force est de constater qu’il y a certains citoyens qu’on n’a pas rassurés, mais on a pris la décision de se prévaloir de la loi 31 pour ce projet-là», a répondu la mairesse de Magog, Nathalie Pelletier. «Pourquoi? Parce que c’est un projet qui a été travaillé depuis bon nombre d’années. On a écouté les citoyens, on a répondu à leurs préoccupations, de circulation par exemple.»
Le nouveau projet de loi adopté en février prévoit effectivement que les municipalités de plus de 10 000 habitants peuvent maintenant autoriser un projet d’habitation qui «déroge à la réglementation d’urbanisme local en vigueur.»
Le politologue et professeur à la faculté de droit de l’Université de Sherbrooke, Guillaume Rousseau, souligne que le processus de signature de registre suivi d’un référendum par lequel les citoyens peuvent bloquer des projets immobiliers est «particulier et existe presque juste au Québec».
«Peut-être que dans un contexte de crise du logement, ce n’est peut-être pas l’idéal cette procédure référendaire là, mais est-ce qu’on ne s’en va pas dans l’autre extrême?»
La citoyenne Guylaine Morin considère, quant à elle que les élus ont choisi cette avenue par crainte de voir le projet refusé lors d’un éventuel référendum.
«Si on s’était rendus jusqu’au bout et qu’on l’avait perdu [le référendum], là, oui ça aurait été équitable. On aurait dit regarde, on avale notre pilule, on est allés jusqu’au bout, mais là on nous a cassé les reins et on nous a dit: "c’est fini, vous arrêtez ça là et on vient de prendre une décision"», a-t-elle critiqué.
De son côté, le politologue Guillaume Rousseau considère que les décisions en matière de logements que doivent prendre les élus sont loin d’être évidentes. «D’une part, s’ils ne font rien, s’ils ne changent pas les habitudes, la crise du logement va se poursuivre, l’accès à la propriété va continuer d’être toujours plus difficile. D’un autre côté, arriver et enfoncer un projet comme ça dans la gorge des citoyens […] ce n’est pas l’idéal non plus», a-t-il analysé.
Le projet retournera en assemblée publique le 26 mars et les élus espèrent approuver officiellement le projet à la première séance du conseil municipal du mois d’avril.
Voyez le reportage de Guillaume Cotnoir-Lacroix dans la vidéo.