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Le parlement russe a adopté vendredi une loi «bâillon» pour empêcher les médias russes et étrangers de diffuser des informations contraires au message officiel véhiculé par le Kremlin. Les contrevenants pourraient écoper d’amendes salées, ou encore de peines de prison qui pourraient aller jusqu’à 15 ans.
Alexandra Sazcka est journaliste indépendante. Elle a été correspondante en Russie pendant plusieurs années, elle connaît donc bien le contexte qui y prévaut. En entrevue sur les ondes de Noovo Info, elle a donné une idée de la retenue qu’impose cette loi aux journalistes qui voudraient faire leur travail.
«Par exemple, le mot ''guerre''. On ne fait pas la ''guerre'' en Ukraine. Dire que la Russie fait la ''guerre'' en Ukraine, c’est déjà passible d’une peine de prison ou d’une amende, parce que ce la Russie fait officiellement en Ukraine, c’est une opération militaire spéciale. Alors, ça va vraiment très loin. On ne peut plus rien dire d’autre, finalement, que le message du Kremlin.»
La loi décrétée par le président Vladimir Poutine s’applique à tous les médias, qu’ils soient russes ou étrangers. Comme l’indique Alexandra Szacka, il restait déjà bien peu de médias indépendants ou libres en Russie. Maintenant, la BBC, la télé et la radio publiques allemandes, Radio-Canada et CBC, entre autres, ont annoncé la fermeture temporaire de leurs bureaux.
L’accès aux médias sociaux, comme Twitter, Facebook, Tik Tok, est également bloqué, à moins d’utiliser un VPN, par exemple, ce qui n’est pas l’apanage de tous les Russes. Obtenir l’information juste est donc de plus en plus compliqué.
Dans les derniers jours, des manifestations ont eu lieu à Moscou, pour dénoncer les actions de Poutine. Plus de 4000 arrestations auraient été faites, selon Mme Szacka.
«Ces gens-là, visiblement, s’informaient ailleurs que le message du Kremlin qui dit, finalement, que la Russie combat [en Ukraine] des fascistes, des nationalistes qui empêchent la population civile de sortir par les couloirs humanitaires. C’est ça, le message officiel qu’on doit transmettre si on ne veut pas aller en prison.»