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Il y a dix ans, le 13 février 2012, des associations étudiantes de partout au Québec déclenchaient une grève générale illimitée pour protester contre une hausse prévue des droits de scolarité…
Le carré rouge est donc devenu l'emblème de la lutte estudiantine, alors que le premier ministre du Québec, Jean Charest, souhaitait augmenter ces frais de 75 % sur cinq ans.
D'autres étudiants, en faveur de la hausse des frais de scolarité, arboraient quant à eux le carré vert. Ces derniers s'inquiétaient notamment des impacts d'une grève qui s'étirait sur leur parcours académique.
Le gouvernement libéral menaçait également d'annuler tout bonnement la session universitaire de l'hiver 2012.
Au fil des semaines, le mouvement étudiant s’est transformé en quelque chose de plus large, cristallisant plusieurs frustrations de la jeunesse québécoise.
«Ça été une bataille épique», se souvient Laurent Proulx, ancien porte-parole du mouvement des carrés verts.
La journaliste Émilie Clavel est revenue sur les évènements avec les «jeunes», qui étaient au cœur de l'action.
À voir dans la vidéo ci-contre.
«Un printemps très intense, surtout pour un jeune homme comme celui que j’étais à l’époque, a confié l’ex-porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois à Noovo Info. J’avais 21 ans. Je n’étais pas préparé à recevoir autant de pression politique, autant de pression médiatique sur mes épaules.»
Aujourd'hui, M. Nadeau-Dubois est co-porte-parole de Québec solidaire et député de Gouin, une position qu'il n'aurait pas atteinte, sans le printemps érable, reconnait-il.
«Je garde de ces mois-là des souvenirs qui vont m’accompagner toute ma vie. Un héritage aussi. Je suis très conscient que je ne serais pas ici à l’Assemblée nationale du Québec si 2012 n’avait pas eu lieu», a lancé l’homme politique.
Questionnée par la journaliste Émilie Clavel, l'ex-présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec, Martine Desjardins, raconte que les longs mois de manifestation représentaient un stress immense pour de jeunes étudiants.
«C’était vraiment une pression qui a été graduelle, Mme Desjardins, aujourd’hui directrice générale de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Sur le coup je le vivais bien. Mais quand tout ça est retombé, l’adrénaline est retombée, le mois d’octobre 2012 a été pour moi l'un des mois les plus terribles. Je n’allais vraiment pas bien.»
Ce mouvement aura finalement envoyé un message clair au gouvernement, estime Gabriel Nadeau-Dubois.
«Ce qui reste, c’est plein de jeunes et de moins jeunes qui ont vu un exemple d’une mobilisation qui est capable de changer les choses. Il y a un flambeau qui se passe de génération en génération qui change les choses au Québec. Pour moi, c’est le plus bel héritage.»
Quant à lui, l'ex-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Léo Bureau-Blouin, est aujourd'hui avocat. Il a refusé de se replonger publiquement dans la mobilisation, affirmant que son nouvel emploi lui demande de faire preuve d'une certaine réserve.
Du côté des carrés verts, Laurent Proulx est aujourd'hui entrepreneur en restauration, après un bref passage en politique municipale à Québec, dans l'équipe de l'ancien maire Régis Labeaume.
L'autre visage du contre-mouvement de l'époque, Arielle Grenier, a refusé d'accorder une entrevue à Noovo Info.
Le conflit allait finalement durer plus de six mois et se transformer en un mouvement social d'une ampleur inattendue. La grève aura largement contribué à la victoire électorale de Pauline Marois, qui a ensuite annulé la hausse des frais de scolarité par décret.
«L’université est moins chère au Québec que si les jeunes à l’époque ne s’étaient mobilisés, ça, c’est concret», affirme Gabriel Nadeau-Dubois.
«Le printemps 2012, ça a été un grand moment d’espoir…»