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Sur la route de l’élection présidentielle américaine, Noovo Info a exploré la «Bible Belt» des États-Unis pour comprendre qui sont les partisans de Donald Trump. Notre journaliste Étienne Fortin-Gauthier est parti à leur rencontre.
Ça n’a pas été un été facile à Nashville. Il y a eu plusieurs manifestations de groupes suprémacistes blancs ou de néo-nazis.
Noovo Info a vu certains des membres de ces groupes insulter de jeunes musiciens noirs. Un matin sur Broadway, on a aussi recueilli de l’information auprès de la police locale comme quoi un employé de bar a été battu par un néo-nazi. L’homme accusé dans cette affaire est un Ontarien de 32 ans parti du Canada pour rejoindre des comparses au Tennessee.
Une association locale qui représente la communauté noire de Nashville depuis 1909 ne se gêne pas pour accuser des politiciens d’alimenter la haine. Lire ici: Donald Trump.
Un représentant nous accueille dans les locaux de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) avec un mot en français: «Bienvenue, Nashville! Come on in!»
Timothy Hughes constate que plusieurs «forces» luttent les unes contre les autres dans la course vers l’élection de novembre prochain. «Un candidat en particulier a enhardi et encouragé la violence et les menaces dans une part de sa rhétorique politique, et je crois que des groupes [suprémacistes] se servent de cette rhétorique pour galvaniser leurs troupes», avance-t-il sans daigner de nommer Trump directement.
Bien qu’apolitique, l’association invite ses membres à voter massivement lors de la prochaine élection et ne cache pas sa joie de voir arriver Kamala Harris comme candidate démocrate après l’annonce du retrait du président Joe Biden.
À Nashville, Noovo Info a croisé le chemin de John Rose. Cet élu républicain de la Chambre des représentants à Washington dénonce les suprémacistes blancs, mais défend leur droit de se faire entendre.
Pour M. Rose, «c’est triste» de voir des événements comme ceux auxquels a assisté Noovo Info mais, «d’un autre côté, le Premier Amendement de ce pays» permet à tout individu d’exprimer «leur opinion».
«Aussi odieuses que soient ces opinions, tant qu’elles ne deviennent pas des gestes [violents], ces gens sont dans leur droit de dire ce qu’ils veulent, même si on ne veut pas l’entendre ou qu’on ne l’apprécie pas», a philosophé M. Rose dans un entretien avec Noovo Info.
Pendant qu’on débat sur la légitimité de telles opinions, le drapeau de la Confédération refait surface dans les États du sud. Pour certains, c’est un simple rappel historique. D’autres y voient plus que jamais un symbole raciste, triste rappel de l’esclavage. Certains artistes ressortent ce drapeau controversé.
«On ne veut pas que l’Histoire se répète», déplore Timothy Hughes de la NAACP. «Ceci pourrait potentiellement diviser notre pays davantage. Donc, c’est important pour nous de se souvenir de ces symboles, sans les célébrer pour autant.»
M. Hughes ne fait le lien qu’à mi-mot entre Trump et cette résurgence raciste. D'anciens partisans de l’ex-président américain, eux, établissent ce lien sans détour.
C’est le cas de Donna Reddick, dont le visage apparaît sur des panneaux d’autoroute avec ceux d’autres citoyens américains qui participent à une campagne publicitaire payée par la Republican Accountability PAC, un groupe militant qui réclame des changements profonds à la tête du parti républicain.
«Je votais pour Trump avant, je suis chrétienne, peut-on lire dans une citation qui lui est attribuée sur une de ces affiches géantes. «Je ne voterai pas pour Trump.»
Mme Reddick nous confie que son vote en faveur de Trump en 2016 a été «difficile», parce qu’elle n’aimait pas sa personnalité. «En même temps, il voulait défaire le statu quo.»
Les événements du 6 janvier 2021, soit l’assaut meurtrier du Capitole par des milliers de partisans de Trump qui contestaient le résultat de l’élection présidentielle remportée par Joe Biden pour lequel le président sortant avait été blâmé, a changé l’opinion de Mme Reddick.
«Ça n’a pas été une transition pacifique», déplore-t-elle. «Ces voyous le soutenaient. […] Notre démocratie est en jeu.»
Mme Reddick trouve que ce «culte» veut «une nation chrétienne», mais que sa façon de faire est «autocratique» et non une démocratie.
Depuis la sortie publique de Mme Reddick contre Trump, elle affirme que des membres de sa famille ne lui parlent plus et que sa mère est en colère. «Elle croit vraiment que Trump nous a été envoyé pour nous sauver», relate-t-elle.
Mme Reddick recommande d’aller manger au restaurant chez Wendell’s à Nashville avant de reprendre la route.
Sur les murs de l’établissement, on aperçoit un portrait de Martin Luther King fils, tué à Memphis au Tennessee en 1968 par un suprémaciste blanc.