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L’essoufflement s’est particulièrement fait sentir jeudi, alors que le premier ministre François Legault n’a annoncé aucun assouplissement aux mesures sanitaires, mentionnant qu’on ne pouvait tout simplement pas se le permettre.
Selon un sondage CROP publié dans La Presse, un Québécois sur deux juge que les restrictions ont assez duré et qu'il est temps qu'on retrouve notre liberté. Une personne sur trois admet même qu'elle enfreint les règles par moments.
Toujours selon ce sondage, presqu'une personne sur deux (44 %) dit se sentir plus déprimée, triste ou stressée qu'il y a un an. Cette statistique concorde avec ce qu’observe la psychiatre Marie-Ève Cotton dans sa pratique, comme elle l’a expliqué en entrevue au bulletin Le Fil 17h, vendredi, sur les ondes de Noovo Info.
«La vague actuelle, au niveau de la santé mentale, est la plus dure. D’une part, il y a l’effet d’accumulation; ça fait presque deux ans qu’on est en pandémie, donc il y a une fatigue, il y a toute l’énergie qu’on a déployée à s’adapter depuis deux ans, qui fait de nous qu’on a des batteries soit dans le rouge, soit proche du rouge», soutient la Dre Cotton, en expliquant que le tout pouvait se traduire par toutes sortes de manifestations : fatigue, irritabilité, anxiété, tristesse.
«Et aussi, on vit actuellement toute la déception, parce que pour beaucoup de gens, l’arrivée des vaccins, toutes les belles promesses qui avaient été faites […] les gens vivent ça comme un recul et cette déception-là, elle est très lourde actuellement.»
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Bien qu’excédés par les mesures et insatisfaits du gouvernement, les gens continuent tout de même à adhérer en grande majorité aux mesures sanitaires (80 % selon le sondage). Une donnée qui fait croire à Marie-Ève Cotton que «la plupart des gens sont conscients du risque» encouru, surtout en regard de la contagiosité d’Omicron, mais aussi qu’ils conservent une solidarité sociale, un «sens du commun».
Selon le sondage CROP, les jeunes de 18 à 34 ans se disent particulièrement irrités par les règles et plus enclins à les enfreindre à l'occasion. Est-ce que ce groupe d’âge souffre davantage des restrictions sanitaires que le reste de la population?
La Dre Cotton croit que oui, parce que la perception subjective du temps est plus importante quand on est jeune qu’à l’aube de la cinquantaine.
Mais il s’agit aussi d’une question de rapport à l’autre et d’importance des liens. «Dans ce groupe d’âge-là, les restrictions qui limitent la socialisation, c’est particulièrement difficile [à encaisser]. Dans les jeunes âges, les jeunes ados, les jaunes adultes, les amis, l’amitié, la socialisation. Ce n’est pas juste du support ou du divertissement, c’est vraiment le développement psychosocial. On développe notre façon d’être en contact avec les autres, donc c’est une grosse partie de la vie.»