Début du contenu principal.
«Je quitte une famille, c’est au plus profond de moi-même, c’est clair», lance d’emblée le cinquantenaire, qui ne souhaite pas dépasser le cap des 10 années comme directeur du service.
Outre pour cette raison, le pompier de longue date souhaite prendre plus de temps pour lui et prendre davantage de vacances. «C’est souvent la raison évoquée par la majorité des gens qui prennent leur retraite, mais peut-être encore plus quand on est dans le feu de l’action», suggère-t-il.
«Je veux continuer à travailler, c’est très clair. Je ne suis pas nécessairement quelqu’un qui veut nécessairement se bercer chez lui 12 mois par année», poursuit-il, sourire en coin.
Au fil de ses années comme directeur, M. Simoneau a multiplié les améliorations au sein du service. Notons entre autres l’installation de caméras de surveillance pour la crue des eaux et le développement d’une application mobile de gestion de la sécurité civile. Lorsqu’on lui demande ses plus grandes fiertés pendant ses années de service, il cible toutefois son passage du syndicat vers le patronat, ou encore son implication dans la campagne de jouets des pompiers.
«Pour la campagne de jouets, je contestais le fait que les grandes chaînes jettent, parfois à coups de conteneurs des jouets flambants neufs [...] On a donné une autre notoriété à cette campagne-là», se souvient-il.
«Une de mes plus grandes fiertés, c’est d’avoir fait environ le même nombre d’années représentant syndical et représentant patronal. Pourquoi? La plus grande qualité que j’ai aujourd’hui, en tant que directeur, c’est de pouvoir dire à mes pompiers que je sais vraiment ce qu’ils vivent, parce que je l’ai vécu», explique le directeur en entrevue.
M. Simoneau a des souvenirs bien précis de ses débuts comme pompier.
Pour lui, les choses ont bien changé, particulièrement au niveau des équipements de protection, maintenant bien plus réglementés. «Je me rappelle des premières années, j’avais des gants», raconte-t-il.
«J’en avais perdu un dans un incendie. On m’avait dit que ça irait à l’année prochaine avant que j’en aille une autre paire. On est plus dans ce modèle-là et une chance!», rigole celui qui note aussi de grandes améliorations au niveau technologique. «Les relations entre les pompiers plus expérimentés et les plus jeunes a aussi évolué, probablement pour le mieux.»
Pour les plus récentes nouvelles touchant l'Estrie, consultez le Noovo.Info.
Questionné sur les événements qui ont marqué sa carrière et ses pensées, M. Simoneau cible immédiatement l’explosion dévastatrice qui avait coûté la vie à trois personnes, chez Neptune Technologies.
«La plus grande fierté, c’est qu’on a fait, l’organisation, un sauvetage pendant l’incendie. Il y a un silence radio qui avait été demandé pour mieux entendre. Ils ont entendu une voix de femme. C’était une dame qui était là. Ça faisait au-dessus de 60 minutes qu’elle était là. Elle était dans le brasier, au centre. C’est quand même étonnant qu’on ait eu quand même des moments de bonheur dans cet événement- là, qui était extrêmement malheureux », lance-t-il. «On a été à la limite de la capacité de nos services, ça c’est clair.»
Le directeur revient aussi sur un autre incendie, dans un immeuble de la rue du Général-De Montcalm, où il a cru pendant un instant que plusieurs de ses collègues avaient péri dans le brasier, après l’effondrement d’une cage d’escalier, du troisième étage jusqu’au sous-sol.
«Ça m’a paru une éternité. Les flammes se sont mises à sortir et ça venait du sous- sol. Je me souviens très bien des flammes bleues sur la longueur du bâtiment», raconte-t-il.
M. Simoneau avait dû se réfugier dans une salle de bain où la chaleur était moins intense, pris à l’étage supérieur du bâtiment, avant de finalement défoncer une fenêtre et de pouvoir sortir avec une échelle installée par ses collègues, une manœuvre qui, selon la photo présentée à l’auteur de ces lignes, n’est pas très recommandée.
«Un moment donné, j’avais le choix de rester à l’intérieur de l’incendie, ou de sortir par une échelle qui était non conforme, alors le choix a été facile à ce moment-là», poursuit-il.
Et ça fait quoi à la retraite, un pompier qui quitte le service après plus de 33 ans? «Je ne sais pas», rigole M. Simoneau.
«Présentement, quand je vais en vacances, je veux avoir une disponibilité de téléphoner pour savoir si ça se passe bien, mais ça, c’est un défaut que j’ai. J’espère de pouvoir travailler sur ce défaut-là et de pouvoir me déconnecter, une fois pour toutes», explique celui qui ferme aussi la porte à un passage en politique.
En attendant, M. Simoneau est très clair, il lui reste encore quelques mois en poste et il compte bien poursuivre le travail entamé avant de passer le flambeau.
Voyez l'entrevue complète dans la vidéo ci-contre.