La famille Benzaï n’aura finalement pas besoin de vivre dans un hôtel pour éviter la rue.
Évincés de leur logement après y avoir vécu pendant 20 longues années, Rachid Benzaï, sa femme et ses enfants résideront finalement dans un nouvel appartement grâce à un organisme sans but lucratif et par l’appel à la solidarité lancé par le député de Gouin, Gabriel Nadeau-Dubois.
Touchée par les reportages de Noovo Info rapportant les déboires de la famille Benzaï, la directrice générale de Hapopex, Nathalie Meilleur, a décidé de «faire quelque chose de bien» et de venir en aide à la famille.
L’organisme a été en mesure de leur trouver un 4 ½ à 900$ par mois dans le quartier Parc-Extension. Il s’agit d’un changement majeur pour les Benzaï, qui habitaient dans Rosemont depuis 20 ans.
«C’est tout un déracinement pour les transports et l’école. C’est tout un changement. Mais on ne va pas se retrouver à la rue, c’est le plus important», a confié le père de famille Benzaï.
Mme Meilleur convient qu’un 5 ½ aurait été préférable pour la famille, mais ce type de logement était tout simplement impossible à trouver.
Hapopex dit avoir actuellement plus de 2000 familles en recherche de logement sur sa liste d’attente. Il attend d’ailleurs des subventions pour procéder à un projet de construction de logements sociaux.
«On est prêt à faire du logement social... et ça bloque.»
Malgré tout, les membres de la famille se disent «extrêmement contents» et tiennent à remercier tout le monde pour leur aide.
Perdre contre le TAL
L’histoire des Benzaï avait suscité plusieurs réactions sur les réseaux sociaux. Ils ont été évacués, car des travaux au sous-sol de l’immeuble ont fragilisé leur appartement. Ils avaient alors été pris en charge par la Croix-Rouge.
Au cours des derniers mois, la famille a pu retrouver son logement en attendant la réponse du Tribunal administratif du logement.
Depuis le début du conflit, le propriétaire, le spéculateur immobilier montréalais Joseph Grossman, désire agrandir l’appartement. Toutefois, les travaux ont occasionné des dommages, comme des fissures dans l’immeuble, jusque dans les pièces du logement. Les locataires pouvaient même voir à travers leur plancher et entendre les marteaux de démolition sous leurs pieds.
Malgré tout, le TAL a finalement tranché en faveur du propriétaire, reconnaissant ainsi ses droits d’agrandir l’immeuble et d’expulser la famille Benzaï.
«Épouvantable et gênant»
Bien que cette histoire a connu une fin heureuse, il est anormal «qu’un député doit faire un appel à tous sur les réseaux sociaux pour qu’une famille puisse trouver un appartement», a critiqué Gabriel Nadeau-Dubois.
Le co-porte-parole de Québec solidaire a déploré que les familles victimes d’éviction sont souvent laissées à elles-mêmes et sont souvent sans recours «face à un marché du logement complètement inabordable».
M. Nadeau-Dubois se questionne pourquoi aucun projet de construction de logements abordables n’est en cours au Québec.
«C’est gênant, on devrait être en train de construire plus que jamais au Québec. Et le programme de la CAQ n’a construit aucun logement. C’est épouvantable.»
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.
