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D’entrée de jeu, les spécialistes parlent de la notion de surpartage parental. Vous l’aurez compris, ce phénomène survient lorsque les parents exagèrent et en partagent «un petit peu trop», précise Dominique Goubau, professeur associé à l’Université Laval et spécialiste en droit de l’enfance et de la famille.
Plusieurs enjeux sont en cause lorsque vient le temps de partager des souvenirs sur les médias sociaux et les experts s’entendent pour dire que le tout peut devenir dangereux, notamment lorsqu’il est question de vol de données personnelles - un sujet sur lequel nous sommes habituellement prudents.
«Les médias sociaux sont souvent riches en information. On peut apprendre c’est quoi la date de naissance de l’enfant, c’est quoi le nom de la rue où il habitait quand il était plus jeune, le nom de son animal de compagnie… Tout ça. Ce sont des renseignements qui peuvent être très pertinents pour des fraudeurs», énumère Alexandre Plourde, avocat et analyste chez Option consommateurs.
Il y a aussi des enjeux de sécurité dont il faut tenir compte. «Un enfant qui est reconnaissable, qui est identifiable, dont on a les coordonnées et dont on a l’image sur Internet, peut potentiellement devenir une victime de prédateurs, notamment de prédateurs sexuels», ajoute Dominique Goubau.
Malgré ces arguments, les avis des parents sur la question divergent. Annie Lafrance est journaliste pigiste à Québec et mère de deux enfants. Elle dit utiliser des images de ses enfants pour illustrer ses articles et ses chroniques, mais que cela doit toujours être «justifié», même si elle est consciente que la réflexion tend à évoluer à mesure que ses enfants vieillissent. «Mon garçon, qui est maintenant préadolescent, je vois qu’il a de plus en plus son mot à dire.»
Marjorie Vallée, animatrice de radio et maman, croit davantage que c’est une décision qui revient au parent. «Là, c’est notre enfant, c’est notre vie, c’est notre affaire. Si jamais les gens font des commentaires, je vais les bloquer ou je vais leur répondre.»
Mais le surpartage parental, est-ce légal? Une question complexe, de l’avis de Dominique Goubau.
«Il faut savoir que quand un parent prend une photo ou fait une vidéo de son enfant, il capte l’image de cet enfant-là. Et en captant l’image, il peut porter atteinte à ce qu’on appelle le droit à l’image. Et dans notre système juridique, le droit à l’image, ça fait partie du droit à la vie privée. Tout le monde a droit au respect de sa vie privée et les enfants aussi», explique M. Goubau.
Il ajoute que les gens ont aussi droit à l’oubli. «Si, par exemple, on fait des photos de l’enfant qui st complètement nu et on en rajoute, un moment donné, ça peut non seulement être de mauvais goût, mais peut-être que l’enfant en devenant plus âgé pourra trouver que ça devient gênant pour lui. Et il voudra peut-être faire enlever ces photos.»
Le droit à l’oubli, c’est quand on s’estime légitimé «de demander à une entreprise de retirer une publication si celle-ci cause un préjudice grave à la réputation ou à la vie privée», rappelle Alexandre Plourde.
Et de ce type de demandes, il y en aura de plus en plus, croit Dominique Goubau.
D'après les informations colligées dans le reportage d'Alexane Drolet, pour Noovo Info.