Les moments émouvants ont été nombreux pendant l’hommage national à la mémoire de Serge Fiori, mardi à Montréal.
Entrecoupés de performances sur les planches de la mythique salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, de nombreux artistes et autres personnalités publiques québécoises qui ont côtoyé la légende d’Harmonium de son vivant ont témoigné d’un être doté d’un génie musical et lyrique incomparable, mais aussi d’un grand sens de l’humour, quoique parfois hanté par le démon de l’angoisse.
Voici les moments les plus marquants de la cérémonie.
«Pas celle-là!»
Le comédien Luc Picard a raconté comment Serge Fiori a pris sa guitare devant son fils Henri pour interpréter Pour un instant, «ce qu’il ne fait jamais». «Mais put***, c’est qu’il va la chanter !», s’est-il souvenu. «Puis, arrive le refrain final, et on entend une petite voix, une toute petite voix d’enfant qui dit: "Ah non pas celle-là, chante l’autre!" C’est mon gars qui dit à Serge Fiori d’arrêter de chanter Un musicien parmi tant d’autres.»
La réponse de Serge Fiori? «Il dit: "Ça ne peut pas être plus parfait."»

Les membres d’Harmonium réunis
Après le témoignage de Luc Picard a suivi «un miracle», pour reprendre ses mots: une performance du groupe de musiciens d’Harmonium.
Michel Normandeau, un des membres originaux du groupe, n’était pas présent parce qu’il était en France au moment de la cérémonie, mais le troisième homme Louis Valois a offert un discours touchant et teinté d’humour, à l’image de l’homme qu’était Serge Fiori.
«Serge, ça fait deux semaines et j’entends tout le monde qui a son histoire de Serge», a déclaré Louis Valois. «J’ai rencontré Serge en 1972, quand il avait 20 ans. La première chanson qu’il m’a chantée, c’était Attends-moi. J’ai été ébloui.»
«J’étais… J’ai pas de mot… Mais j’ai décidé de te suivre mon Serge, j’ai pas eu le choix.»
«Tu me manques, maudite marde» - Régis Labeaume
Dans les dernières années, Fiori s’est lié d’amitié avec Régis Labeaume dans une relation improbable. Depuis la mort de l’artiste montréalais, l’ancien maire de Québec était «trop occupé à brailler comme un veau».
M. Labeaume a raconté comment était Serge Fiori, son «nouvel ami depuis 10 ans», rencontré «au meilleur moment» de leurs vies respectives. «Cabotin», il pouvait tomber sur les nerfs, mais aujourd’hui, Régis Labeaume «en prendrait plus».
«Tu me manques, maudite marde», a-t-il lancé en conclusion de son poignant témoignage.

Michel Barrette, de fan numéro 1 à ami de Fiori
Dans une intervention comique, l’humoriste et comédien Michel Barrette a raconté comment, en 1977, il a assisté en tant que grand fan d’Harmonium à une répétition de l’album L’Heptade avant un spectacle de Fiori et de son groupe au Centre Georges-Vézina, à Chicoutimi. Spectateur inattendu, le jeune Michel Barrette de l’époque a été invité par le chanteur à assister au spectacle – pour lequel il n’avait pas de billet -, puis à prendre une bière après la prestation.
Quelque 30 ans plus tard, Barrette a recroisé Fiori dans un événement, et l’artiste se souvenait de lui. Ainsi est née leur amitié.

Un musicien parmi tant d'autres et les Premières Nations
Dans une finale grandiose, les acteurs de la cérémonie se sont réunis sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier pour chanter en cœur le refrain légendaire de la chanson d’Harmonium Un musicien parmi tant d’autres.
Pour l’occasion, Sébastien Fréchette alias «Biz» de Loco Locass, a invité des représentants des 11 Premières Nations du Québec à interpréter le morceau. À voir dans la vidéo.
Le jour de sa mort lors de la Fête nationale du Québec, le 24 juin dernier, Un musicien parmi tant d’autres devait être interprétée dans les 11 langues des Premières Nations à Québec. Dans ce qui s’est avéré un des derniers projets de sa carrière, le mythique chanteur a travaillé sur cette version de la chanson dans le cadre du spectacle Kwe!

