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«Du ping-pong entre Québec et Ottawa»: des projets d’habitation pour femmes violentées perdent leur financement

«On est sans mots. On fait quoi?»

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Des projets d’habitation pour femmes violentées perdent leur financement Des projets d’habitation pour femmes violentées perdent leur financement

Plusieurs projets d’habitation pour permettre aux femmes victimes de violence conjugales de s’en sortir sont menacés de perdre leur financement.

À l’heure actuelle, six projets d’habitation ont été paralysés après avoir perdu le financement gouvernemental qui leur avait été promis, mettant les organismes au pied du mur.

«On est sans mots. On fait quoi? Les chantiers peuvent démarrer et ils ne démarreront pas…», raconte Mélanie Miranda, coordonnatrice du volet habitation pour l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence.

Louise Riendeau, porte-parole du Regroupement des maisons pour femmes victime de violence conjugale, a appris dans les derniers jours que des projets pour lesquels la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) avait réservé des fonds ont été «abandonnés».

«Si on n'a pas ces sommes-là, la Société d'habitation du Québec (SHQ) ne permet pas de commencer le chantier. Donc tout est paralysé», soutient Mme Riendeau.

Le financement tarde à être versé en raison d'innombrables imbroglios bureaucratiques entre Québec et Ottawa, selon les intervenantes.

«C'est un jeu de ping-pong entre Québec, Ottawa, la SCHL et la SHQ», déplore Mme Riendeau.

Mélanie Miranda souligne être «continuellement prise avec des incohérences» de la part des organismes d’habitation gouvernementales et que la situation est «inquiétante».

Informée de cette situation, la Société d'habitation du Québec affirme que ce dossier est prioritaire et qu'elle a immédiatement entrepris des discussions avec Ottawa afin d'identifier des solutions rapides.

Du côté de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, on confirme aussi travailler activement avec les organismes concernés dans le but de faire progresser leurs projets.

«La SCHL reconnaît l'urgence d'accroître le nombre de refuges et de logements de transition au Québec et partout au pays», indique la SCHL par écrit.

Mais pendant que le fédéral et le provincial se renvoient la balle, sur le terrain, il y a urgence d'agir.

«C'est au moins une dizaine d'appels que l'on reçoit par semaine pour des demandes d'hébergement. Qu'est-ce qu'on fait de ces personnes dans le besoin qui sont à haut risque de se faire tuer?», s’inquiète Blandine Tongkalo, directrice du refuge pour femmes Transit 24.

Mme Riendeau rappelle d’ailleurs que SOS Violences conjugales a dû refuser 10 000 demandes d'hébergement dans la dernière année.

Notons que sept femmes ont été tuées par leur conjoint depuis le début de l'année au Québec.

Voyez le reportage de Marie-Michelle Lauzon dans la vidéo.

Laurie Gervais

Laurie Gervais

Journaliste

Marie-Michelle Lauzon

Marie-Michelle Lauzon

Vidéojournaliste