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Des écoles vides chauffées pour 899 000$ par année à Montréal: pourquoi?

Votre ancienne école ou celle de votre enfant est vide, mais chauffée.

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Des écoles vides chauffées pour 899 000$ par année à Montréal: pourquoi? MTLNI-BATIMENTS VACANTS

Vous les apercevez sûrement sur votre route. Elles font partie du paysage et elles sont parfois placardées. Votre ancienne école ou celle de votre enfant est vide, mais chauffée. Qu’est-ce que les centres de services scolaires ont l’intention d’en faire? Noovo Info a essayé d’y voir plus clair via une demande d’accès à l’information.

Sur la rue Adam dans Hochelaga, l’ancienne école se situe à quelques rues du refuge pour personnes en situation d’itinérance le Cap St-Barnabé, qui déborde sans cesse. Les voisins se demandent pourquoi on n’utilise pas l’école pour les abriter. Maude Lafleur, une résidente, fait remarquer que des travaux semblent perdurer.

«On se demande si ce sera un immeubles à condos.»

Le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) nous a transmis une liste d’une vingtaine d’adresses d’édifices jugés vacants ou excédentaires.

André Laverdière, qui réside sur la rue Laval depuis 1987, se demande pourquoi les projets ne s’activent pas dans l’ancienne école de ses enfants.

«Avec toutes les difficultés qu’on connaît, les gens qui sont à la rue, la hausse des loyers qui est énorme, quand on voit des bâtiments inoccupés, c’est malheureux. On a l’impression qu’il devrait y avoir une action qui soit prise pour qu’on réutilise ces bâtiments-là.»

Les gestionnaires du CSSDM assurent qu’ils ont des projets pour près de la moitié d’entre eux et que les chiffres de 899 000$ pour le chauffage incluent parfois certains endroits qui ne sont pas complètement vides.

Noovo Info (Noovo Info)

D’ailleurs, le directeur adjoint et responsable des immeubles, Stéphane Chaput, nous a fait visiter une ancienne école sur Hochelaga en rénovations qui accueillera des élèves dès le mois d’août prochain après des investissements entre 6 et 6,5 millions de dollars. Il explique qu’il se sera écoulé entre 14 et 16 mois entre l’analyse du bâtiment et la fin des travaux. L’objectif est de l’utiliser comme école transitoire. C’est-à-dire que des élèves vont temporairement y venir en attendant que leur école soit prête.

L’édifice du 4100 Hochelaga était encore en bon état, dit-il. Il a fallu encapsuler l’amiante et respecter l’aspect patrimonial. «Quand on commence dans une bâtisse comme ici, on y va de surprises en surprises», laisse tomber M. Chaput. Parmi les écoles vacantes, il y en pour lesquelles on attend des projets ou qui sont en processus d’aliénation. «Ce sont souvent des bâtiments excédentaires, barricadés où a l’impression qu’il ne se passe rien. On est simplement en attente d’un projet ou d’analyse des besoins supplémentaires d’espaces», rassure-t-il.

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Et les organismes communautaires?

Au cours de l’année, plusieurs organismes communautaires ont été expulsés de certains édifices appartenant au CSSDM. La coordonnatrice du Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal, Marie-Andrée Painchaud-Mathieu, voudrait que les gestionnaires du réseau gèrent mieux l’espace public. Elle croit qu’il faudrait que le gouvernement, la Ville, le CSSDM et les autorités de la santé gèrent l’inventaire des bâtiments vacants de façon plus globale.

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«Ils considèrent que l’espace public est privé. Il faudrait qu’ils s’assurent que les espaces soient prioritairement occupés par les groupes communautaires, par des logements pour des personnes vulnérables.»

Par rapport à cette revendication, le directeur adjoint Stéphane Chaput dit comprendre et trouver dommage de devoir demander aux groupes communautaires de trouver ailleurs des endroits où se localiser. Mais pour lui, les écoles ne peuvent pas servir aussi facilement aux personnes qui cherchent un logement tout simplement parce que les anciennes institutions scolaires n’ont pas la tuyauterie et la plomberie pour accueillir des logements.

«Il n’y pas de sortie d’eau dans chaque classe. «L’enjeu majeur, c’est la réhabilitation. La transformation en appartements, ça coûte beaucoup plus cher que de construire des habitations à loyer abordable à partir de zéro.»

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Des besoins criants

Même s’il en coûte de l’argent pour chauffer ces édifices excédentaires, il est nécessaire de le faire, selon le CSSDM, compte tenu qu’il prévoit une augmentation flagrante de sa clientèle. On parle d’un point de rupture possible cette année en raison des élèves qui immigrent.

Le directeur des communications Alain Perron explique dans un courriel:

«Cette année 2023-2024 nous avons 77 445 élèves. L’année prochaine 2024-2025, la prévision indique 78 500. Sans compter les élèves de l’accueil qui s’ajouteront en cours de l’année prochaine, un nombre imprévisible à prévoir, selon l’arrivée de l’immigration.»

Les enjeux de francisation mettent aussi de la pression sur les classes, poursuit-il.

«Nous avons des écoles de formation pour adultes qui sont à pleine capacité. Également, les blitz de la formation professionnelle, entre autres, en santé et en construction où les besoins de main-d’œuvre sont importants, nécessitent un plus grand nombre de locaux.»

Listes de bâtiments vacants

  • Au Pied-de-la-Montagne JB. Il s’agit de locaux excédentaires en cohabitation à l’intérieur même de l’école
  • 1905, rue de Cadillac, école en processus d’aliénation
  • Le «4329, rue La Fontaine. PEC Hochelaga est en aliénation
  • Le «6520, boul. Gouin O a été incendié en avril 2024. La Commission scolaire English Montréal est intéressée par ce bâtiment
  • Le «3077, rue Lebrun» est entièrement démoli et servira à l’école Sainte-Claire annexe
  • Ahuntsic, élèves délocalisés pendant les travaux. Ils vont réintégrer l’école une fois les travaux terminés
  • Irénée-Lussier, annexe rue Mousseau deviendra une annexe à Saint-Justin
  • 7345, rue Garnier, deviendra une annexe à Saint-Gabriel-Lalemant

Liste de bâtiments excédentaires réhabilités depuis 2010

  • Ahuntsic François-de-Laval Annexe, rue Victor-Doré = 23 classes
  • Saint-Michel 7110, 8e Avenue, devenu annexe école Saint-Mathieu = 9 classes
  • Mercier 6755, 36e Avenue, devenu école des Monarques, édifice Marie-Rollet = 10 classes
  • Mercier 8075, rue Hochelaga, devenu Sainte-Louise-de-Marillac annexe = 14 classes 1 gymnase
  • Mercier 3100, rue Arcand devenu Saint-Donat annexe = 8 classes
  • Villeray, 2950, Jarry Est. Immeuble abandonné démoli. Construction de l’école Saint-Bernardin = 23 classes, 1 gymnase double
  • Villeray 7378, rue Lajeunesse, transitoire pour l’école Laurier = 21 classes
  • NDG Immeuble abandonné démoli. Construction de l’école Saint-Raymond = 16 classes et 1 gymnase
  • NDG 4635 Pl. Borden Marc-Favreau, annexe = 5 classes
  • Plateau 4835, Christophe-Colomb Cardinal-Newman reprise pour FACE = 23 classes primaires.
  • Ahuntsic 11 015 rue Tolhurst devenu Saint-André-Apôtre annexe = 10 classes et 1 gymnase

Il s'agit de 11 reprises de bâtiments excédentaires pour 162 classes.

Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.