Début du contenu principal.
C’est le cas de Maxime, 27 ans, originaire de Longueuil, que nous avons rencontré à la maison d’hébergement Roland-Gauvreau, qui accueille des jeunes de 18 à 30 ans à Joliette.
«Ça a été le premier organisme qui m'a accepté. Sinon, j'ai fait le tour des organismes de Longueuil et même un peu de Montréal, puis je n’ai eu aucun retour», déplore-t-il.
Du propre aveu de Maxime, c’est une série de «bad lucks» qui l’ont mené à la rue. Le père de deux enfants n’a plus d’adresse depuis une rupture amoureuse survenue il y a six mois. Du jour au lendemain, il s’est retrouvé sans domicile et a d’abord dormi sur les divans d’amis afin d’éviter de passer la nuit dans la rue.
Dans la ressource d’hébergement remplie à pleine capacité située dans une maison historique de Joliette, Maxime cohabite avec 11 autres jeunes qui ont aussi des parcours de vie semés d'embûches.
Parmi ceux-ci, on retrouve Vincent, dont l’histoire a plusieurs similitudes avec celle de Maxime. Lui aussi père, il s’est fait évincer de son logement et a par la suite perdu la garde de ses enfants.
Même s’il travaille en construction et a un revenu suffisant pour se payer un logement, il n'arrive pas à trouver d’appartement. Selon lui, les propriétaires ne lui font pas confiance en raison des ses erreurs du passé.
«Le trois quarts du monde, ils demandent une enquête de crédit, mon crédit n'est pas bon. Ils demandent une enquête de dossier criminel, j'ai un dossier criminel. Ils demandent une enquête pour le TAL [Tribunal administratif du logement], j'ai un dossier au TAL», explique-t-il.
Maxime croit lui aussi que notre société ne donne pas assez facilement une deuxième chance aux gens qui veulent se reprendre en main.
«J'ai vu bien du bon monde penser qu'ils ne valent rien dans la vie parce qu'ils ont de la misère à gérer leur argent», confie-t-il.
À quelques kilomètres du centre d’hébergement, à l’Office municipal d’habitation de Joliette, Marie-Claude Beaudry, conseillère au service d’aide à la recherche de logement, concède que les propriétaires regardent souvent le crédit des locataires, mais assure que des solutions existent.
Lorsque des locataires avec un mauvais crédit débarquent dans son bureau, elle arrive à les mettre en lien avec des propriétaires privés grâce à ses contacts dans la région et le soutien de programmes gouvernementaux.
«Si moi je sais que c’est un bon payeur, un bon travailleur, moi j’appelle mes propriétaires privés et je peux vous dire que la plupart ont été relocalisés de cette façon-là», explique-t-elle.
Elle explique que les propriétaires lui font confiance en raison de la relation que l’Office a développée avec eux dans la région.
La réalité des personnes en situation d’itinérance est bien souvent différente en région où le problème est moins visible qu’en ville en raison de l’itinérance cachée. C’est du moins ce qu’observe le coordonateur de la maison d’hébergement Roland-Gauvreau, Sylvain Daneault.
«Ce qu'on va voir à Joliette, [...] c'est des jeunes qui vont un peu se promener d'amis en amis, de parents en parents, puis des fois quand ils ont tout brûlé leur réseau, souvent c'est là qu'ils vont faire des demandes et qu'ils vont venir ici, dans une maison d'hébergement comme la nôtre», explique-t-il.
Selon le plus récent dénombrement provincial des personnes en situation d'itinérance effectué en 2022, 314 personnes vivaient dans la rue dans Lanaudière, une région administrative qui comprend la ville de Joliette et d’autres municipalités telles que L’Assomption, Terrebonne et Rawdon.
Sobre depuis une semaine, Maxime continue ses démarches pour trouver un emploi.
«J'ai appliqué partout, je pouvais passer 10 heures sur Indeed. Je pouvais me promener des heures à Longueuil à donner des CV et rien n'arrivait», explique-t-il.
Malgré tout, il ne désespère pas et espère un jour avoir un toit pour y retrouver sa petite famille.
«J'aimerais ça avoir un métier dans les poches, devenir soudeur [...], avoir mes deux enfants qui mangent à la même table [...], pouvoir m’installer dans mon lit, chez nous», conclut-il.