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Le CIUSSS de l’Estrie-CHUS a procédé au remplacement du système spécialisé Medirad pour le dossier clinique informatisé Ariane. Son implantation dans le réseau a coûté 8,7 millions de dollars.
Le problème, selon le personnel soignant à Granby, est qu’Ariane n’est pas adapté aux besoins en radiologie et cause une perte de productivité d’environ 40%.
«On nous donne un tournevis pour planter des clous et on le sait qu’on en plante des clous dans le département de radiologie par jour», exprime la radiologue pour les hôpitaux de Granby et Cowansville, Dre Laurence Grand.
Dre Grand s’inquiète que le ralentissement puisse faire la différence pour un patient qui pourrait être traité à temps au lieu de se retrouver au palliatif.
«Quand on implante un nouveau logiciel ou un nouvel outil, il y a toujours une période d’ajustement», argumente la directrice générale adjointe aux programmes de santé physique générale et spécialisée du CIUSSS de l’Estrie-CHUS, Annie Boisvert.
L’arrivée d’Ariane, ce programme qui existe depuis plus de trente ans – mais qui a connu des mises à jour au fil des années – n’est pas improvisée, assure Mme Boisvert. Son implantation est prévue depuis 2021 dans l’objectif de faciliter le «transfert d’information à l’ensemble des professionnels», explique-t-elle.
«Ça nous a permis d’éliminer les fax et les envois postaux. On conviendra qu’en 2025, avoir des fax et des envois postaux, c’est loin d’être idéal», ajoute Mme Boisvert.
Ce qui est bon pour un n’est pas nécessairement bon pour l’autre. Avec Ariane en radiologie, la productivité est en baisse et la liste d’attente s’allonge, avance le personnel soignant. Pour pallier le retard accumulé, le CIUSSS a mis en plan un plan de contingence, soit d’ajouter une technologue additionnelle. Le retard accumulé depuis l’implantation du logiciel devrait être rattrapé d’ici le mois de juin.
«Tous les hôpitaux de la province sont en pénurie de main-d’œuvre, et là, on ajoute une ressource pour pallier un système qui est dysfonctionnel, alors qu’on avait un système adéquat avant. C’est une aberration», lance Dre Grand.
Pour bien fonctionner, le département de radiologue a donc besoin de trois technologues au lieu de deux, calcule le représentant régional de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) en Estrie, Danny Roulx.
«On n’est même pas sûr d’être en mesure de maintenir le nombre de personnes pour les vacances estivales», avertit M. Roulx, soulignant la fragilité de cette solution dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.
M. Roulx rappelle également qu’un nouveau programme déjà testé au Québec pourrait faire son apparition dans les prochaines années. Il s’agit d’un programme d’Epic, un système «plus performant» et qui prévoit un logiciel dédié à la radiologie.
Sur ce point, Mme Boisvert soutient toutefois que les millions de dollars investis pour l’implantation d’Ariane à ce stade-ci ne sont pas perdus et mettront la table pour l’arrivée d’Epic.